Communiqué de Presse – Menottes et garde à vue pour avoir crié « Macron démission »

À l’attention des membres et des représentantes et représentants de la presse et des médias,

Le jeudi 16 novembre 2023, à 14h30, nous, trois personnes, une femme et deux membres du POP, avons été victimes de contraintes abusives, au déroulement administratif flou. Cela, après avoir scandé deux fois le slogan « Macron, démission » en gare de Renens, lors du passage de Macron à 80 mètres des barrières derrière lesquelles nous étions. Deux d’entre nous ont été repoussés en arrière par la police. La troisième personne a été prise à parti par un policier particulièrement virulent à son encontre, en lui faisant subir une clef de bras, en le plaquant contre une camionnette, puis en prononçant différentes phrases intimidantes proche de son visage. Après avoir été contrôlés dans la rue, puis dans un local poubelle des CFF et privés de nos mouvements durant une heure, sans veste par une froide journée de novembre, nous avons été fouillés, menottés, puis enfermés dans des cages individuelles à l’intérieur d’un « fourgon cellulaire », sans être notifiés d’une quelconque arrestation ou de nos droits. Nous avons été ainsi conduits dans un garage de la police cantonale vaudoise, à la Blécherette. Là-bas, nous avons été contraints de donner nos empreintes digitales, puis pour deux d’entre nous, nous avons été placés en cellule, tandis que la troisième personne est restée dans l’une des cages du « fourgon cellulaire ». Une fois finalement relâchés, en nous avons été informés que nous serons poursuivis pour infraction au « Règlement Général de Police ». À aucun moment, nous n’avons été clairement informés de notre placement en garde à vue.

Deux jours plus tard, samedi 18 novembre, nous avons été contactés par la police cantonale, nous annonçant qu’après analyse de la situation, nous ne serions finalement pas poursuivis.

Nous dénonçons une réaction disproportionnée : une punition policière, un abus de pouvoir et de contrainte. Tout cela s’est déroulé hors de toute procédure formelle. Jamais nous n’avons été notifiés explicitement d’une arrestation. Jamais nous n’avons été informés de nos droits de contacter un avocat. Jamais nous n’avons reçu une quittance administrative de notre passage au poste. Ces méthodes nous questionnent dans un état de droit. C’est un processus d’humiliation, pour avoir exercé l’un des plus petits dénominateurs de la liberté d’expression.

Le matin de cette journée du 16 novembre, un dispositif de sécurité inédit a été mis en place. Les manifestants ont été traités comme des menaces; ils ont été gazés, privés de leurs mouvements, privés de leur droit de manifester et de faire usage de leur liberté d’expression, notamment en protestant contre la venue à l’UNIL de Macron pour son implication dans le génocide en cours en Palestine.

Cette disproportion de l’usage de la violence est non sans rappeler les nombreuses violences policières perpétrées en France, largement banalisées par le gouvernement français.

En regard de ces événements, nous sommes inquiets quant à l’avenir de la liberté d’expression en Suisse.

Deux interpellations ont été déposées au Grand Conseil vaudois à propos de cette réaction disproportionnée et du gazage à la manifestation sur le campus universitaire le matin même :

(23_INT_174) Interpellation Vincent Keller – Garde à vue pour avoir scandé deux fois « Macron démission ».: https://www.vd.ch/toutes-les-autorites/grand-conseil/seances-du-grand-conseil/point-seance/id/8cb0d501- 71b1-4822-91a7-e8e7bc486128/meeting/1019548

(23_INT_179) Interpellation Céline Misiego au nom EP – Gazage et violence de la police sur le campus universitaire lors de la venue de Macron. : https://www.vd.ch/toutes-les-autorites/grand-conseil/seances-du- grand-conseil/point-seance/id/e143381d-9513-4fd9-99ba-9105cfc8806a/meeting/1019548