Gazage et violence de la police sur le campus universitaire lors de la venue de Macron

La matinée du 16 novembre 2023, l’Université de Lausanne a accueilli le Président français Emmanuel Macron. Pour se conformer à l’usage établi sous sa présidence, la police vaudoise s’est sentie obligée de démontrer, à l’instar de ses homologues français, sa capacité à exercer une violence arbitraire contre des personnes qui manifestent – capable de les gazer, de les nasser et de les frapper.

 

Vers 9h30, environ 200 manifestant.es, principalement des étudiant.es de l’université, se sont rassemblés pour exprimer leur mécontentement face à l’accueil d’un chef d’État dont les politiques militaires, en particulier la fourniture de bombes utilisées contre des personnes civiles à Gaza, sont largement contestées. Lorsque les manifestant.es ont tenté de se déplacer sur le campus, ils et elles ont été rapidement bloqués par un important dispositif policier, repoussés et soumis à plusieurs reprises à de grandes quantités de gaz, utilisées de manière indiscriminée contre des jeunes sans aucune protection. Les manifestant.es ont ensuite été encerclés par la police, matraque à la main, formant ainsi une nasse qui a duré jusqu’au départ de Macron. Cette situation a persisté pendant environ trois heures, nécessitant même l’intervention d’une ambulance.

 

Le droit de manifester est une liberté fondamentale qui ne devrait pas être entravée par le programme d’une conférence ou par des mesures de sécurité excessives.

 

Lors de son intervention devant les manifestant.es, l’un des vice-recteurs de l’université a rejeté toute responsabilité et affirmé que la police était la seule décisionnaire de ce qui se déroulait, et que le rectorat n’avait pas son mot à dire, y compris concernant les étudiant.es qui demandaient à être libérés ou concernant l’usage de gaz sur le campus. La position du rectorat, qui prétend à une neutralité en raison de l’intitulé de la conférence, ne le dédouane pas des conséquences politiques de ses actions. Il est difficile pour l’université de revendiquer une neutralité sur la question palestinienne, surtout après l’interdiction récente d’un tournoi de football caritatif en faveur du Croissant-Rouge (membre du mouvement international de la Croix-Rouge) Palestinien sur le campus.

 

Face à ces événements, des interrogations pertinentes peuvent être formulées à l’adresse du Conseil d’État :

 

  1. Quelle est la position du Conseil d’État sur l’intervention de la police vaudoise lors du rassemblement à l’Université de Lausanne, notamment en ce qui concerne l’usage de gaz et de tactiques de nassage contre des étudiant.es pacifiques ?
  2. Comment le Conseil d’État garantit-il le respect du droit fondamental de manifester, en particulier dans les enceintes universitaires et lors d’événements accueillant des personnalités politiques ?
  3. Comment le Conseil d’État s’assure-t-il que les forces de l’ordre sont correctement formées et encadrées pour intervenir de manière proportionnée et respectueuse des droits lors de manifestations ?
  4. Pourquoi un dispositif répressif aussi important a été convoqué plutôt que d’autoriser un parcours de manifestation en adéquation avec les impératifs de sécurité ?
  5. Quel a été le rôle et la responsabilité de l’université dans la gestion des étudiant.es et du rassemblement ?
Interpellation de Céline Misiego – Députée POP au Grand Conseil