Intervention sur la politique sociale de la vieillesse de la Ville de Lausanne

Le Préavis municipal 2018/33 présente l’orientation que la Ville entend donner à sa politique sociale de la vieillesse. Ce plan d’action doit permettre à Lausanne de «veiller aux besoins de ses seniors et ancrer leur place au sein de la cité, afin qu’ils puissent participer (…) à la vie sociale et prévenir toute exclusion1». Il concrétise la démarche initiée en 2013 par l’adhésion de la Ville au Réseau Mondial des Villes Amies des Aînés de l’OMS (RMVAA).

Entre la fin 2014 et le début 2016, le Service social communal a associé différentes associations d’aînés à une évaluation des problèmes des seniors vivant à Lausanne. L’analyse a abordé des aspects très diversifiés, touchant aussi bien le logement, l’espace public, la participation à la vie sociale ou les prestations de la Ville, etc. Les participants ont pu faire des propositions pour améliorer les points critiques.

Exemple, le groupe de travail des “Aînés dans la Ville” de l’AVIVO Lausanne (dont je fais partie) s’est impliqué activement dans cette démarche participative ; il a présenté plusieurs propositions et a suivi de près la rédaction d’une “liste de propositions” établie en commun avec le Service social. Cette liste a servi de base à l’élaboration de ce Préavis 2018/33 présenté ce soir.

Dans son ensemble, il faut reconnaître l’effort de réflexion et d’inclusion sociale dont la Municipalité a fait preuve en rédigeant ce préavis; certaines mesures proposées dénotent une recherche de solutions créatives. Il faut relever surtout le souci d’associer les citoyens concernés à certaines études, ce qui permettrait peut-être de mieux définir les problèmes et d’éviter certaines erreurs. En revanche, d’autres mesures devraient être précisées ou étoffées ultérieurement – notamment celles qui concernent les demandes des points 2 et 7.

Le projet de gouvernance appel à plusieurs commentaire :

Le Préavis propose de créer trois entités pour réaliser ce plan d’action :

–  un poste de délégué-e aux seniors, chargé-e de la mise en œuvre du plan, de la coordination du travail et du contact avec les divers partenaires internes et externes à l’administration;

–  un groupe de travail senior transversal pour impliquer tous les services communaux dans la démarche, appuyer et diffuser les initiatives du-de la délégué-e (tâche assurée par les Secrétaires généraux-ales ou par les représentant-e-s désigné-e-s par eux-elles);

–  une commission consultative seniors, composée de représentant-e-s des associations de seniors, de membres du Conseil communal et de spécialistes de la thématique; elle servira de plateforme d’échange en matière de politique sociale de la vieillesse.

À première vue, ces 3 mesures semblent rationnelles : Mais, pour éviter un « usine à gaz », il est nécessaire qu’une personne compétente pilote le projet, assure la transmission des informations aux différents niveaux, coordonne la mise en œuvre des mesures dans les services communaux, et assure le contact avec tous les partenaires internes et externes. Son temps de travail devrait être d’au moins 80% si l’on prend au sérieux le plan d’action.

De même, il est indispensable que quelqu’un soit responsable d’assurer, dans chaque dicastère, la réalisation des objectifs du plan qui lui sont assignés. Cela nécessite-t-il la création d’un groupe de travail spécifique ? A voir.

Enfin, une commission consultative est certes une bonne idée pour assurer le relais entre les demandes des seniors et l’administration censée y répondre. Au vu de sa composition, nous nous demandons toutefois quelle sera la place réelle faite à la voix des seniors, entre les technocrates, les théoriciens du 3e âge et les politiciens ? Nous nous demandons également pourquoi Agora – plateforme cantonale – serait chargée de réunir une entité communale. Pourquoi ne pas s’adresser directement aux associations de retraités actifs en ville de Lausanne ?

Enfin, il m’a paraît indispensable que l’AVIVO et les associations lausannoises représentantes cette catégorie de population puisse faire partie de cette commission consultative, afin de donner la parole aux seniors des milieux modestes et de leur permettre de définir eux-mêmes leurs besoins essentiels.

 En conclusion, le groupe ensemble à gauche vous recommande de soutenir ce préavis !

Johan Pain