Un catalyseur pour lier les réseaux des quartiers

Lausanne : La Ville de Lausanne présente une politique des quartiers qui instaure un budget participatif et un coordinateur.

Les quartiers lausannois ont tout pour bien faire. C’est en substance ce que l’on pourrait retenir du préavis fondant la nouvelle politique des quartiers de la Municipalité, déposé le 22 mars au Conseil communal. Pourtant, le texte parle de «vaste programme de gouvernance réinventée» et instaure quelques nouveautés. Parmi elles, le poste de coordinateur des quartiers – qu’occupera Damien Wirths – et un budget participatif dont les habitants et les acteurs socioculturels décideront de l’attribution.

«Nous ne voulons pas créer une nouvelle structure qui s’arroge des compétences et devient propriétaire de tout ce qui se fait dans les quartiers», rassure David Payot, municipal en charge de l’Enfance, de la jeunesse et des quartiers. Il répond ainsi à une crainte relayée par les professionnels de la Fondation pour l’animation socioculturelle lausannoise (FASL), qui se méfient d’une ingérence municipale dans leur travail de terrain.

Pour rappel, certains d’entre eux avaient refusé dans un premier temps de participer à l’évaluation sur la FASL, menée par l’Institut de hautes études en administration publique (IDHEAP) à la demande de la Ville. En parallèle, un audit questionnait la gouvernance de la fondation et une autre évaluation visait la Caravane des Quartiers. Ces études montraient d’une part la qualité de certaines actions, d’autre part un manque patent de pilotage.

Inciter et mobiliser
Le nouveau coordinateur se basera sur ces études, mais questionnera aussi les professionnels sur le terrain, dont font partie les animateurs. Le but: renforcer le rôle des «centralités» de quartiers. Comprenez tous les acteurs qui font qu’un lieu a une vie publique: Maisons de quartier, centres paroissiaux, écoles, commerces de proximité… «La Ville n’a pas le monopole de la cohésion sociale d’un quartier, insiste Damien Wirths. Nous n’en avons ni le pouvoir ni les ressources. Je ne vais pas apprendre aux gens qui savent comment ils doivent faire! Mon rôle sera celui de catalyseur de réseaux et d’incitateur. Je serai aussi une courroie de transmission entre la demande citoyenne, politique et la mise en œuvre des instruments sur le terrain.» Une délégation municipale composée de David Payot, Florence Germond et Natacha Litzistorf sera aussi instituée.

Le politologue, secrétaire cantonal du POP Vaud durant ses études – «je conserve les convictions, mais plus la carte du parti» –, est arrivé à la Ville de Lausanne à l’été 2017. Au bénéfice d’un doctorat dans le domaine de l’évaluation des politiques publiques, Damien Wirths était mandaté pour écrire la politique d’accessibilité universelle (handicap) présentée en février. Coordinateur dès le 1er avril prochain, il a déjà participé à un projet pilote qui a permis de tester cette «politique publique moderne» à la Bourdonnette (lire en encadré).

Sélection participative
Sollicité par trois postulats, un budget participatif verra enfin le jour à Lausanne. Pris sur le budget de fonctionnement de la Ville, il sera doté dès le 1er juillet de 125’000 francs, pour atteindre 500’000 francs en 2021. Un poste de secrétaire à la coordination (22’000 francs pour 2018, puis 44’000 francs) sera financé par ce budget. Mais la grande majorité de cette manne reviendra à des projets de quartiers, portés par des associations locales.

«L’élément essentiel est que cela apporte une plus-value pour la vie du quartier et de la collectivité, explique David Payot. La proposition des projets et leur sélection devraient revenir aux utilisateurs.» Une étape administrative intermédiaire permettra de chiffrer précisément le développement de ce qui pourrait être, selon l’expérience de la dernière édition du contrat de quartier, un nouveau chemin dans la forêt, un Portakabin pour une halte jeu ou encore une infrastructure nécessaire pour un événement ponctuel.

Une interface Web sera aussi mise sur pied pour référencer ces projets et tous les instruments existants dans les quartiers. Car c’est bien cela que veut rappeler David Payot: ce qui existe n’est pas remis en question. Ainsi, le préavis demande aussi de pérenniser le budget de 250’000 francs alloué aux contrats de quartier (d’une durée de trois ans pour chacun). Et le financement des instruments qui existent déjà perdurera (Caravane, Maisons de quartier…).

Article paru dans le 24Heures du 28 mars 2018