Initiative Soins Dentaires : Question à Dr. Silvio Torriani (médecin généraliste)

Tu es membre du comité d’initiative depuis le début, pourquoi soutiens-tu la mise en place d’une assurance cantonale pour le remboursement des soins dentaires ?

J’ai travaillé pendant 28 ans à Renens comme médecin généraliste et cela m’a permis de toucher, de très près, à la santé de notre population. Grâce aux patients j’ai eu la possibilité de cerner les problèmes liés à l’amélioration de la santé publique. Cette posture m’a motivé à m’engager activement dans la campagne en faveur de l’initiative < Pour le remboursement des soins dentaires>. En effet les affections bucco-dentaires sont très fréquentes dans la clientèle des cabinets médicaux et parfois sous-évaluées. Si on veut améliorer la santé du tissu social, l’abord doit être global et toucher tous les aspects : techniques, sociaux et financiers. Voilà ce que cette initiative essaye d’apporter : soigner nos dents pour une meilleure santé.

L’Etat met en place une assurance obligatoire pour les soins dentaires de base. Elle propose aussi la création d’un réseau de policliniques dentaires régionales. Son financement sera garanti par un prélèvement paritaire sur le revenu (50% salarié, 50% employeur), estimé à 1% du salaire brut, reprenant le modèle sûr et éprouvé  de l’AVS. Pour 30.- /mois une personne au revenue mensuel de 6’000 francs verra ses factures de dentiste remboursées ainsi que celles de toute sa famille.

 

Les initiants parlent beaucoup de l’impact que les dents peuvent jouer sur la santé de manière générale, est-ce que tu peux, en tant que médecin généraliste, nous donner des explications sur cet aspect médical ?

Bien sûr. Les connaissances médicales sont univoques. Une dentition en bon état évite le développement d’autres maladies. Les affections bucco-dentaires sont associées à plusieurs maladies touchant d’autres organes. Soit elles les favorisent, soit elles en sont une des conséquences. Il existe un lien clair entre la maladie des gencives et l’athérosclérose et donc les maladies cardiovasculaires. Chez les patients souffrant de diabète ou d’un cancer la fréquence de l’inflammation des gencives et d’atteinte dentaire est beaucoup plus élevée. Les assurances maladie ne couvrent généralement pas les traitements nécessaires. L’hygiène personnelle, très importante, ne résout pas tout, bien au contraire.

À long terme cette assurance dentaire cantonale va contribuer à réduire certaines complications médicales coûteuses et grâce à son rôle préventif permettra de réduire les coûts de la santé.

 

Actuellement tu essaies de motiver des personnes du corps médical à s’impliquer dans cette campagne, pourquoi c’est important que les professionnels de la santé prennent position publiquement ?

Un appel a été lancé pour que les médecins soutiennent cette initiative. Beaucoup d’entre nous ont déjà répondu présents et la liste s’étoffe de jour en jour. C’est très réjouissant. Cela montre que cette initiative rassemble des acteurs de la santé confrontés, dans leur pratique, à des affections dont la prévention sera améliorée par cette nouvelle assurance publique universelle. Ils savent que l’immense majorité de la population va y gagner car la santé c’est un tout indissociable !