Par David Payot, Conseiller communal Lausanne

« J’ai une bonne nouvelle et une mauvaise nouvelle : je vous donne d’abord la bonne : tout va bien. La mauvaise nouvelle, c’est que ce n’est pas vrai ». Cette plaisanterie du chat de Gelück me paraît adaptée pour commencer l’intervention de La Gauche sur les comptes de la commune de Lausanne.

Tout va bien, donc : les comptes sont bénéficiaires, alors que le budget prévoyait un déficit. Une bonne partie des collectivités publiques en Suisse est confrontée au même syndrome, lié à la conjoncture. Les comptes bouclent sur un excédent de revenus de 3’650’000 francs, et la Municipalité a travaillé énergiquement à le diminuer autant que possible. Nous notons ainsi une réserve de 8’000’000 au service financier et d’1’500’000 au Service d’Organisation et d’Informatique. Nous nous interrogeons sur l’utilité de ces écritures, sinon le goût passionné pour l’équilibre budgétaire. Le Canton contribue aussi à la sous-estimation du bénéfice, puisque la Loi sur les Communes impose une évaluation extrêmement prudente du patrimoine communal. Ainsi, EOS Holding a versé en 2013 à la commune un dividende en actions de près de 15 million, dont la valeur doit immédiatement être réduite de plus de 12 millions, diminuant d’autant le bénéfice communal. Avec les seules actions de Romande Energie et Eos Holding, le bilan de la ville est sous-estimé d’un demi-milliard par rapport à sa valeur sur le marché. Nous nous réjouissons du soin de la Commune, qui a indiqué pour mémoire cette différence dans le bilan. Pour rappel, le découvert de la Ville est comptabilisé au bilan pour 1 milliards ; une différence d’un demi-milliard n’est donc pas une petite affaire.

La bonne nouvelle, c’est que tout va bien ; la mauvaise c’est que ce n’est pas vrai. La bonne santé des comptes reflète la bonne santé de l’économie en général ; mais elle laisse de côté une part toujours aussi importante de la population. Le taux d’aide sociale reste donc presque inchangé, et de plus en plus de personnes sont dans l’incapacité de régler leurs factures vis-à-vis de la commune – ce que les comptes expriment en disant que la « qualité des débiteurs » diminue, selon l’expression que nous avions déjà relevée aux comptes 2012.

Du point de vue de la Gauche, donc, nous espérons que ces comptes ouvriront la voie, pour le prochain budget, à un investissement de la commune pour les personnes qui ont été oubliées par les bénéfices de la croissance. Nous notons que l’Aide Individuelle au Logement, le financement des logements subventionnés et l’aide financière aux soins dentaires sont, cette année comme d’autres auparavant, inférieurs à ce qui avait été budgété. Nous notons aussi la contribution de la fonction publique au bénéfice de la Ville de Lausanne, puisque les dépenses de personnel sont de 17 millions inférieures à ce qui avait été inscrit au budget. Nous espérons que le budget investira aussi dans ce domaine.