Chers camarades,

Cela fait maintenant quatre ans que je suis votre secrétaire cantonale. Qu’ai-je découvert pendant ces quatre ans? Tout d’abord des gens incroyables… certains pour leur soutien, certains pour leur réflexion, certains pour leur aide, certains pour leur motivation, certains pour leur encouragements… Certains nous manquent beaucoup… Certains autres, on n’a pas envie qu’ils nous manquent, on les prie donc de prendre soin d’eux-mêmes et on pense fort à eux aujourd’hui. J’ai découvert aussi la fierté de travailler pour ce parti, pour une cause qui nous est commune et qui j’en suis certaine est la bonne voie à suivre. La fierté de travailler pour et avec des gens qui pensent également qu’on ne peut être heureux sans participer au bien-être de la société, que le bien commun est supérieur au bien individuel et qu’il exige de chacun d’oeuvrer pour le bien de la société. Comme le disait Aristote “Même s’il y a identité entre le bien de l’individu et celui de la cité, c’est une tâche plus importante et plus parfaite d’appréhender et de sauvegarder le bien de la cité.”

J’ai découvert aussi le pouvoir immense du capitalisme et de la société de consommation qui ne cessent de progresser, d’accroître les différences et de s’immiscer dans l’inconscient des individus, leur faisant croire à la formule magique du capitalisme libéral : hausse du PIB = accroissement du bien-être individuel et collectif. De plus en plus préoccupés d’eux-mêmes et de la satisfaction de leurs désirs, les individus consacrent l’essentiel de leurs efforts à accroître leur confort matériel et à parachever leur réussite sociale. Cet essor d’une forme d’individualisme dessine une profonde césure : le lien entre bonheur individuel et bien commun se brise au sein de nos sociétés modernes. Tandis que l’individu issu de la première révolution était encore imprégné des grands idéaux collectifs et d’un vif intérêt pour la chose publique, l’individualisme contemporain se réduit au narcissisme. L’égocentrisme, l’indifférence aux autres et au monde sont devenus, pour beaucoup, la norme. La plupart s’avouent malgré tout conscients des limites et des dangers de cette logique mercantile, mais convaincus qu’il ne sert à rien d’oeuvrer pour tous et que nous sommes pris dans une logique mortifère qui nous dépasse, ils cèdent au fatalisme. Mais nous gens de la vraie gauche savons la nocivité d’une trop forte disparité des revenus au sein d’une même société par la frustration qu’elle engendre. Nous savons que préoccupations spirituelles et planétaires, souci de soi et conscience du monde sont imbriqués. Nous savons que nul ne saurait être durablement heureux dans un monde injuste à fortes disparités. Cela ne peut avoir lieu que dans une société où les gens sont heureux, où l’intérêt de chacun réside ainsi dans le bonheur de tous. Nous savons surtout que la soumission au néolibéralisme n’est en aucun cas une fatalité!! Car en tant que Parti nous avons un objectif final: renverser le capitalisme et bâtir une autre société.

J’ai découvert également la dureté du combat politique. L’hypocrisie de certains “alliés” et le manque total d’objectivité des médias qui ne cessent de prédire, à tort, notre mort. J’ai été impressionnée de voir comment les médias nous boycottent, ne parlant jamais de nous, ou, quand ils le font, de façon totalement biaisée. Les derniers exemples en date étant l’article paru dans le 24 heures sur l’assiduité des députés au Grand Conseil. Un tableau montre que notre groupe est celui qui en moyenne dépose le plus de motions ou interpellations par député, bravo à eux pour leur travail, et pourtant il faut arriver à la dernière ligne de l’article pour y trouver mention du groupe La Gauche… tout ça pour dire que Dolivo utilise cet outil uniquement pour exister dans les médias… Un bel exemple de parti pris ! Ou encore l’article dans le courrier qui disait, je ne sais pas quelle réflexion, que nous attendions encore moins de monde que l’année passée… Je suis ravie que vous soyez là aujourd’hui en nombre pour leur donner tort.

Mais cela ne devrait pas nous étonner, nous savons comment fonctionnent les médias de masse, quelles informations ils diffusent jusqu’à plus soif, comme une simple bagarre à Lausanne, un homme qui torture un chat ou la vie sexuelle des politiques, et quelles informations ils omettent ou relèguent à des petits encarts, comme le génocide au Darfour ou  la situation de tout autre pays non pétrolier, l’exemple Islandais qui a nationalisé ses banques, condamné les responsables de la crise et réécrit toute leur constitution… en effet il ne faudrait surtout pas que cet exemple nous mette des idées dans la tête. Ceci nous montre bien la nécessité de continuer de soutenir Gauchebdo et l’accès à la presse indépendante. Nous savons également que pour les médias de masse il n’y a qu’un parti à gauche, c’est le PS. Rien que le fait de penser que le PS est à gauche montre bien la position des médias. Un Conseil d’Etat qui multiplie les cadeaux fiscaux n’est pas un Conseil d’Etat de Gauche! Ceci est d’ailleurs le cas dans toute l’Europe où les gouvernements socialistes virent toujours plus au centre et laissent donc une place béante à Gauche, la nôtre.

ça tombe bien car chers camarades nous sommes dans une très bonne dynamique, Je suis heureuse de voir aujourd’hui certains de nos nouveaux membres. Nous sommes apparus sur le remboursement des primes et nous apparaissons très bien avec l’initiative soins dentaires qui récolte un très vif succès dans la rue. Les nombreux stands tenus ces derniers temps sont très importants et je remercie d’ailleurs vivement les camarades qui se lèvent le samedi matin comme ceux qui récoltent ailleurs. Nous sommes actuellement à 8246 signatures décomptées dont 1724 pour le POP. Il faut donc continuer l’effort jusqu’à ce qu’on puisse faire la fête tous ensembles pour la fin de la récolte. Car cela fait beaucoup de bien à notre parti ! Et nous donnera de l’entrain pour nous battre pour la caisse publique… Il est hors de question que cette initiative nous échappe!!! C’est la nôtre!! C’est notre revendication depuis toujours et il sera très important de le rappeler! Il faudra marteler à qui veut l’entendre et à qui ne veut pas l’entendre que nous sommes les pionniers de cette initiative, qui constituera, une fois acceptée en votation, une réelle amélioration pour la population et un vrai changement de société. Notre santé ne profitera plus aux caisses maladie qui se font du fric sur le dos de la population et qui se sentent tellement protégées qu’elles vont même jusqu’à voler la population de certains cantons en toute impunité. Les modalités de remboursement décidées par le Conseil National leur donnent totalement raison d’ailleurs puisque nous serons remboursés qu’a moitié et selon les modalités suivantes : la Confédération – 266 millions pris sur les impôts –  les assureurs pour la même somme qui puiseront dans les réserves déjà payées par les assurés ou augmenteront les primes  et enfin  les assurés des cantons qui n’avaient pas assez payé.  Au fond, la dette sera payée essentiellement par ceux à qui elle était due ! Et qui sont ceux qui se sont battus pour ce remboursement ? L’AVIVO et le POP/PST bien sûre. Vous le voyez la caisse unique publique est d’une importance capitale !! Alors battons-nous de toutes nos forces pour faire passer cette votation. Car cette initiative résonne encore plus à un moment où, on l’a vu ce matin, les attaques contre les services publics ne cessent de tomber. Il peut paraître bizarre, mais cela est néanmoins nécessaire de rappeler que le service public est un service dû par l’Etat au public qui le finance. Remettre cela en cause revient à remettre en cause l’existence même de l’Etat, donc du système démocratique. Le service public n’est pas une marchandise comme n’importe quelle autre. Juste pour rappel, l’instauration d’une école publique, laïque et gratuite est sans aucun doute l’une des plus grandes avancées de l’histoire de l’humanité.

À contrario, ouvrir à la concurrence tous les services, forcer les pouvoirs publics à la « neutralité concurrentielle », traiter sur le même plan santé publique et cliniques privées, école publique et écoles privées, garantir des déductions fiscales encore plus importantes au privé et lui ouvrir l’accès au subventionnement de l’Etat, nous assistons là à une mise à mort planifiée de tous systèmes démocratiques, non pas de « l’Etat providence » comme certains l’appellent, mais simplement de l’Etat de droit.

Au contraire de ce que nous concocte l’ACS/TISA, une très forte régulation et un contrôle stricte des services fournis par le secteur public et privé est indispensable. La crise financière de 2008 en est la meilleure preuve. Après avoir joué à la roulette, les plus grands chantres du libéralisme, les banques, sont venues pleurnicher, mais menacer également pour que les contribuables viennent les sauver de leur incompétence. Seul ce contrôle est garant d’un fonctionnement des services, qui ne mette pas en péril la démocratie. Lorsque des services comme la santé, l’éducation, l’énergie, les transports, les postes et télécommunications et bien d’autres échappent au contrôle de leurs bénéficiaires, la démocratie s’affaiblit. Chez nous, en Suisse, nous pouvons déjà le voir avec toutes les structures trans-communales et trans-cantonales qui se mettent en place, STEP, groupements scolaires, etc. Ces structures sont supervisées par des personnes déléguées et non élues. Ces délégués n’ont aucune obligation de rapporter aux élus. Nous le voyons également avec les anciennes régies semi-privatisées, par exemple la Poste ou Swisscom, qui bien que faisant des bénéfices continuent à licencier des employé-e-s et à fermer des bureaux.

Vous le voyez, il y a des attaques de tous les côtés, alors que faisons-nous? On résiste et on essaye de convaincre les gens. Un par un. On essaye de les convaincre que ce n’est pas une fatalité, qu’un monde juste et solidaire est possible. On essaye de leur ouvrir les yeux sur la situation des sans-papiers, sur la souffrance de devoir fuir son pays. On essaye de leur montrer que la plupart des guerres dans le monde, comme un Ukraine, sont des jeux de pouvoirs entre grandes nations impérialistes. On essaye des les convaincre que les homosexuels sont des gens comme tout le monde, que les femmes sont aussi compétentes que les hommes, que l’ouvrier est aussi important que le patron et qu’il mérite au minimum un salaire à 4000.-, que les richesses doivent profiter à tous, et surtout que le plus grand lobby c’est le peuple!  Parce que de toute façon quel autre choix avons-nous? Abdiquer? Ca jamais!!

Céline Misiego

Renens, le 10 mai 2014