Par Christiane Jaquet Berger, députée au Grand Conseil

Cinq ans cela peut paraître long.  Or, pour un canton qui compte près de 800’000 habitants, il n’y a pas trop de séances, chaque mardi, pour suivre le rythme des projets à réaliser. Depuis l’incendie du bâtiment de Perregaux, c’est au Palais de Rumine, sous les allégories du peintre Rivier,  que se discutent  et se décident les sujets et les lois qui concernent la vie de tous les jours des habitants du canton : des impôts aux assurances sociales, du logement aux hôpitaux  ou à l’école, des transports à la justice, de l’environnement à la police. Malgré une majorité clairement à droite du Parlement, les votes sont serrés. L’adage « chaque voix compte » se vérifie fréquemment, au point que c’est parfois la voix prépondérante du président ou de la présidente du Grand Conseil qui enterre ou fait aboutir un projet.

Le groupe POP solidaritéS compte une majorité de femmes, c’est une exception. Et ce ne sont pas moins de 130 interventions (initiatives, motions, postulats, interpellations, questions) qui ont été déposées par le groupe au cours de la législature. Tous les domaines sont concernés : santé, logement, école et formation, environnement, droits des citoyens, économie et finances, immigration, transports, agriculture de proximité.

 

Des succès et des alliances

Un petit groupe comme celui-ci peut se targuer de jolies victoires. Comme tout récemment par le soutien à une formation professionnelle pour les jeunes sans papiers, une initiative cantonale qui sera  adressée aux Chambres fédérales.  Un succès aussi, parmi d’autres,  que celui de la proposition d’instaurer une assurance cantonale pour les soins dentaires et la création de policliniques dentaires. Mais là, on attend encore la concrétisation par le département de la santé de Pierre-Yves Maillard,  qui a largement dépassé le délai légal de réponse. Les interventions prennent en effet beaucoup de temps pour passer de la proposition à la réalisation. Ainsi, en juin 2006, une motion popiste proposa un comité de députés visiteurs de prison. Le Conseil d’Etat commença, tout innocemment, par instaurer une instance qui ne respectait ni le fond ni la  forme de la proposition. Ce n’est que ces jours-ci que le Parlement va pouvoir voter enfin sur un fonctionnement respectueux du vote initial, grâce à la réaction du Grand Conseil et de son Bureau.

Les comptes et le budget sont l’occasion d’exprimer les désaccords du groupe avec les stratégies politiques du  gouvernement et de son président Pascal Broulis,  plus soucieux de limiter les moyens à disposition que de répondre aux besoins de la population. Le groupe a vivement combattu la ridicule frilosité  de la politique des investissements. Un récent sursaut préélectoral vient de faire surgir 500 millions d’une discrète cagnotte et permettra de ressusciter des projets de transports et d’énergies renouvelables.

 Les projets de loi sont aussi le lieu de propositions d’améliorations et les amendements du groupe sont susceptibles de trouver des appuis. Car le rôle du député est aussi de chercher  des alliances. Ce fut le cas avec des propositions communes avec le PS et les Verts, comme dans le domaine de la suppression des forfaits fiscaux, de la lutte contre l’espionnage d’ATTAC par Nestlé ou du contrôle du fichage des citoyens.

Le groupe POP solidaritéS  a prouvé par ses propositions et sa vive participation aux débats qu’il est, plus qu’un aiguillon, un indispensable acteur de la politique vaudoise.