berseth_hadeg_verena-21267 quitte le Grand Conseil après 17 ans comme députée. Mais ce n’est visiblement pas pour réduire ses occupations : elle continue son activité de blanchisseuse indépendante, et elle a échangé les bancs du Grand Conseil pour ceux de Conseil communal de Renens. Et si vous souhaitez la rencontrer, ce n’est pas difficile : elle tient sa permanence tous les mercredis soirs dès 19h, au local de Rifondazione, Rue de l’Avenir 5, à Renens.

Comment as-tu décidé de lancer une permanence sociale ?

Je trouvais qu’en étant toujours fourrée au Gand Conseil, on n’avait plus assez de contacts avec les gens de la base, et je trouvais que la permanence était un bon moyen d’avoir un contact direct avec eux.

Et spontanément, qui est venu te consulter ?

Ce sont beaucoup d’étrangers qui sont venus ; c’était le but, car à Renens, on a besoin de personnes qui puissent écrire une lettre, lire un courrier et le réexpliquer, ou rédiger un recours. Je les accompagne aussi chez l’avocat, au Service de la Population, ou je vais même voir M. Maucci, le bras droit du Conseiller d’Etat Leuba. Mais la permanence ne se limite pas aux permis de séjour: il y a des demandes de séparation, des démarches d’assurance sociale, des déclarations d’impôts – moi, je remplis celles qui se font à la main.

Tu t’occupes depuis longtemps des questions d’asile ?

Ça fait plus de 20 ans que je suis ce thème ; j’ai d’abord été à SOS Asile, et ensuite au Service Juridique d’Aide aux Exilés. J’ai fait pendant dix ans un recours toutes les semaines – ce qui est un peu une folie, parce qu’à chaque fois, il faut se replonger dans une nouvelle histoire. Il y a des dossiers où tu fais un recours et c’est tout ce que les gens demandent ; et il y a des gens que tu suis pendant deux, trois quatre, cinq ans, et que tu vois encore après, lorsque les choses se sont arrangées. Mais j’ai eu énormément de lettres à faire, et c’est assez terrible, car souvent, on n’arrive pas à changer les choses. La loi risque de devenir encore plus restrictive, même si je me demande en quoi elle peut encore être durcie. Ce que je trouve extrêmement grave, c’est que la seule chose qui était légale, c’était la demande à l’ambassade suisse du pays, qui permettait une protection immédiate. Ils veulent l’enlever de la loi, et les gens ne pourront venir que de manière illégale en Suisse.

Avec le nouveau système, avec les gens qui n’ont plus qu’un droit d’urgence lorsqu’ils sont déboutés, tu fabriques des exclus. Souvent ces gens vont compléter la grande cohorte des gens au noir ; et même s’ils travaillent, ils ne savent jamais ce qui va leur arriver, ils restent ici sans droit. Et ce sont des gens qui arrivent chez moi, quand ils reçoivent un avis d’expulsion.

En tant que députée, quel était ton travail le plus spécifique ?

Comme je faisais partie de la commission des pétitions et qu’il y avait régulièrement des familles de requérants qui en déposaient, je connaissais souvent la situation qu’il y avait derrière tout ça, je pouvais l’expliquer, et ça aidait beaucoup. Quand je disais que je connaissais personnellement la famille pour appuyer leur demande, je me disais parfois que cela allait faire effet contraire, mais en fait non. Les députés se disaient souvent qu’on pouvait me faire confiance sur ce point-là !

Quels sont tes engagements actuellement ?

J’irai récolter des signatures contre la réforme de la Loi sur l’Asile. C’était une discussion qu’on avait très souvent à SOS Asile, lorsqu’il y a avait un durcissement, de lancer un référendum ou pas. Et souvent, la majorité craignait qu’en cas de référendum perdu, ce soit encore plus dur pour nous et pour les requérants d’asile. C’est possible ; mais quand on lance un référendum, c’est aussi des discussions au marché, et une occasion de s’expliquer. Nous ferons aussi un stand de la Fourmi Rouge, et au local de la permanence, il y aura des feuilles de signature.