Depuis 60 ans qu’il a des députés au Grand Conseil, le POP en prend pour la première fois la présidence. Mieux encore : c’est une femme !

Résistance : qu’est-ce que ça représente, pour le parti, d’assurer pendant un an la présidence du Grand Conseil ?

Christiane Jaquet : Cela représente, évidemment, la fin de l’ostracisme à son égard. Depuis 60 ans, le POP joue un rôle au Grand Conseil et y participe activement. Il est juste que sa place lui soit enfin pleinement reconnue car, pendant des décennies, les candidats à la présidence du POP ont toujours été refusés par la droite. Cela dit, la présidence n’est pas une tribune ? nous l’avons dans les débats du Grand Conseil ? mais une occasion de montrer que le POP ne peut pas être tenu à l’écart. Lorsque je m’exprimerai dans le cadre de mes activités de représentation, mon discours ne sera pas partisan, tout en étant imprégné de mes convictions.

En quoi consiste ton travail de présidente ?

Le Parlement cantonal représente la population vaudoise et le président du Grand Conseil en est ainsi le premier citoyen. J’aurai à préparer les débats, à veiller à ce qu’ils se passent bien, dans un esprit démocratique et clair. d’autre part, je représenterai le Parlement dans l’ensemble du canton, et même au-delà, lors d’assemblées générales d’associations, de fêtes, de célébrations diverses.

c’est formidable que la première présidence popiste soit assurée par une femme !

Oui, c’est une avancée. Je suis la quatrième femme à accéder à cet honneur en plus de quarante ans ! Avant moi, il y a eu une libérale, une radicale et une socialiste. En politique, comme dans la vie et le travail, les femmes n’ont pas encore conquis l’égalité. Faute d’un souci de la part des électeurs et de nombre de partis, la parole n’est pas suffisamment offerte aux femmes, alors que beaucoup assument seules responsabilités éducatives et difficultés financières, tout en participant activement à l’économie pour des salaires souvent beaucoup trop bas. Le POP a toujours participé à la lutte pour l’égalité entre hommes et femmes. Il n’a donc pas hésité à présenter une femme.

Cette charge va dévorer ton temps militant?

Et sans doute mon temps tout court ! Je vais restreindre mes activités ? au Conseil d’administration de l’imprimerie Coopi, dans l’AVIVO Suisse, à Gauchebdo ? et serai beaucoup moins présente dans les instances suisses et vaudoises du parti. Pour autant, je ne veux pas couper les liens. Mais je garde la présidence de l’AVIVO Lausanne, grâce à des collaboratrices et collaborateurs très compétents.

Auras-tu encore du temps pour toi ?

J’ai toujours mené une vie très intense. Enseigner habitue l’esprit à conjuguer différentes activités. Etre à Radio Acidule aussi. c’est une aptitude féminine ! En plus, je dors très peu. A mon grand étonnement, je n’ai jamais regretté l’école, qui a pourtant beaucoup compté pour moi. Il y a tellement de choses à faire ! Je suis entrée au POP en 1976 mais il n’y a pas que la politique dans ma vie ! J’ai un mari, deux grands fils, dont un m’a fait grand-mère, des amis, un chat, un chien. J’aime la peinture, la musique, la lecture. J’ai beaucoup fait de ski, de montagne, et ça reste important. Je me sens bien dans la nature. Dès que je peux m’évader dans la montagne, J’y vais.

Propos recueillis par Diane Gilliard