Interpellation urgente : Prix plancher (de scène)

C’est la diffusion sur les réseaux sociaux d’une lettre signée de la cheffe du Service de l’architecture de la Ville qui a mis le feu aux poudres.

Cette lettre annonce à un soumissionnaire, basé à Lausanne, que l’offre pour la réalisation d’un plancher de scène pour le Théâtre de Vidy d’une entreprise française de Nouvelle-Aquitaine a été préférée à toute les autres dont la sienne.

Il n’en fallait pas plus pour que des commentaires indignés d’un tel choix en pleine période de crise affluent et que la Ville de Lausanne publie, également sur les réseaux sociaux, une explication dont il ressort que la Ville se réjouit d’une modification de la loi cantonale sur les marchés publics ; modification prévoyant « un changement de paradigme renforçant la prééminence des critères qualitatifs et permettant l’usage de critères sociaux» et «une meilleure prise en compte des aspects de développement durable dans l’évaluation des offres».

Elle précise en outre que, durant la législature qui s’achève, seulement 3 adjudications sur 500 ont été attribuées à des entreprises étrangères.

De plus, il est souligné que « 3 entreprises étrangères choisies ont démontré une expérience avérée et de solides références pour des objets particuliers comme la réalisation d’un plateau de scène au Théâtre de Vidy (1 adjudication) ou celle de sièges (2 adjudications) pour le Stade de la Tuilière ».

Enfin dans un article de 24heures, on apprend que le critère « prix » a une pondération de 60 % dans l’attribution et que la réalisation d’un plancher de scène requiert des techniciens très spécialisés.

Dans ce contexte, la Municipalité est priée de bien vouloir répondre aux questions suivantes :

  • La Municipalité peut-elle revenir sur les raisons et sur les critères qui ont présidé au choix du prestataire retenu pour ces travaux ?
  • La Municipalité peut-elle expliquer pourquoi elle attribue une pondération de 60% au critère du prix alors que la loi actuelle lui permet de fixer celui-ci à 50%. En sachant que cette différence peut favoriser des entreprises étrangères pratiquant des salaires plus bas ?
  • En sachant que dans un appel d’offre public, le critère du prix doit-être évalué par rapport au respect du cahier des charges, la Municipalité n’aurait-elle pas pu introduire des critères supplémentaires dans la pondération ou des éléments dans le cahier des charges favorisant avec un ancrage local et travaillant de manière conforme au développement durable ?
  • La Municipalité ne considère-elle pas que donner le chantier à une entreprise française implantée à 750 km pourrait aller à l’encontre des objectifs du Plan Climat promis par la Ville de Lausanne ?
  • La Municipalité peut-elle nous informer si l’entreprise VTI appliquera la Convention collective vaudoise du secteur à son personnel délocalisé et en cas de réponse négative, est-elle consciente qu’elle contribue indirectement à un dumping salarial ?
  • La Municipalité de Lausanne peut-elle s’engager pour faire modifier la loi cantonale sur les marchés publics afin de mieux inclure la protection des salaires ainsi que de l’environnement dans les appels d’offre ?

Nous remercions par avance la Municipalité pour ses réponses

Lausanne, le 23 mars 2021, Johan Pain