Nous prenons acte sans regret de la chute du régime de Bashar Al-Assad et soutenons le droit à l’autodétermination pour le peuple syrien. C’est pourquoi la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie doivent être garanties. Nous appelons la Suisse à agir pour le respect des droits humains, contre les massacres de civils et autres crimes de guerre inacceptables.
L’avancée du groupe salafiste Hayat Tahrir as-Sham (HTS) depuis le 27 novembre 2024, qui a abouti en 2 semaines à la chute du régime de Bashar El-Assad, a captivé l’attention internationale. C’est un bouleversement géopolitique pour le Moyen-Orient, et la chute d’un dictateur sanguinaire et d’un régime contre-révolutionnaire initié par Hafez Al-Assad, qui s’est caractérisé par sa répression, mais également son incapacité à apporter de vraies réponses aux problèmes socio-économiques syriens. Toutefois, cet évènement ne doit en aucun cas nous rendre aveugles sur les forces qui ont œuvré à la chute de ce régime.
Le groupe HTS, présenté aujourd’hui comme une organisation libératrice, n’est que l’héritière d’Al- Qaida en Syrie (nommée initialement Jabhat Al-Nosra), dont le nom a simplement été modifié. Au gré des évolutions de cette guerre civile, des éléments de Daesh se sont également greffés à cette large coalition salafiste, qui est aujourd’hui sur le devant de la scène. Malgré un discours qui se veut rassurant et ouvert, les actes de HTS dans son fief d’Idlib nous poussent à nous méfier ; répression des opposants, persécutions des minorités et régression du droit des femmes.
De l’autre côté, l’entité sioniste a procédé à de nombreuses frappes sur des cibles militaires de l’armée arabe syrienne, mais également sur des zones civiles. Pire, depuis le Plateau du Golan (occupé illégalement depuis 1967) elle a commencé à envahir la province de Quneitra et s’est installée sur le Mont Hermon, à seulement 30km de la capitale syrienne, Damas.
La Turquie quant à elle, occupe également des territoires syriens à sa frontière comme Afrine. De nouvelles troupes se sont massées à la frontière avec les régions à majorité kurde du Rojava. Profitant de l’invasion par Hayat Tahrir Al-Sham et de la chute du régime, l’armée turque et ses milices de l’Armée nationale syrienne (ANS) ont envahi des régions d’Alep et de Manbij. L’Observatoire syrien des droits de l’homme énumère de nombreux crimes de guerre dans les opérations conjointes entre l’ANS et la Turquie : bombardements sur des civils, nettoyages ethniques, tortures et exécutions de prisonniers. Plus de 100’000 civils se sont réfugiés au Rojava, qui fait face simultanément à ces besoins humanitaires et à l’offensive militaire turque.
Nous dénonçons fermement les ingérences extérieures qui ont conduit à ce chaos. Ingérences turques, mais également le soutien que les USA (qui bombardent la Syrie depuis 2014), l’État génocidaire israélien et les pétromonarchies du Golfe, ont apporté à différents groupes terroristes salafistes, qui menacent aujourd’hui de prendre le pouvoir sur tout le pays. Après 13 ans d’une atroce guerre civile, seule une solution politique garantissant la coexistence de toutes les composantes ethniques ou confessionnelles de la population (arabes, kurdes, araméens, sunnites, chiites, alaouites, druzes, syriaques …) pourra apporter la stabilité dont a tant besoin la Syrie. Toutefois, l’avenir de la Syrie doit rester entre les mains du peuple syrien, c’est pourquoi nous appelons à :
• La fin de toutes les ingérences et le retrait des armées étrangères du territoire syrien ;
• La levée immédiate des sanctions qui asphyxient l’économie syrienne et empêchent toute possibilité de développement ;
• Au respect des droits humains et du droit international et l’arrêt des massacres de civils ;
• Le passage en justice de tous les coupables de crimes de guerre, qu’elle que soit leur faction, y compris s’il s’agit d’États étrangers (Turquie, Israël, USA) ;
• Un engagement fort de la Suisse sur le terrain humanitaire, notamment pour les réfugiés du Rojava.