Comment s’occupe-t-on de nos personnes vieillissantes avec des problématiques en santé mentale ?

En 2021, un bilan 2019-2020 avait été rédigé conjointement par la Centrale d’information et de Coordination psychiatrique, la CCICp, et le Réseau de santé Haut-Léman, le RSHL, concernant les besoins pour les personnes vieillissantes avec une problématique en santé mentale et/ou une addiction. Ces personnes ne souffrent pas d’une maladie dégénérative comme la démence mais d’une maladie mentale et/ou une addiction qui induisent des besoins différents qui persistent avec l’avancée en âge.

Ces personnes ont en général entre 55 et 75 ans car rappelons que l’espérance de vie d’une personne ayant vécu avec une problématique en santé mentale et/ou une addiction est en moyenne de 15 ans inférieur à celle de la population générale ( cf. https://www.irdes.fr/recherche/questions-d-economie-de-la-sante/237-personnes-suivies-pour-des-troubles-psychiques-severes-une-esperance-de-vie-fortement-reduite.pdf

 

Le rapport d’activité 2022 de la CCICp fait état d’une situation qui reste préoccupante. Le nombre de demandes continue à augmenter et les admissions en EMS restent rares.

Actuellement le canton de VD ne dispose que de très peu d’EMS ou même d’unités spécialisées pour ce type de besoins (EMS de psychiatrie vieillissante). La plupart des EMS ont une mission de psychiatrie de l’âge avancé (PAA) et hébergent dans le même espace à la fois des personnes souffrant de démence et des personnes avec une problématique en santé mentale. Cela pose des problèmes de cohabitation entre les résidents mais également exige des équipes, en majorité avec une formation d’auxiliaire, de savoir adapter leur accompagnement aux besoins d’une population hétérogène.

Parmi les 199 demandes traitées en 2022, 72 l’ont été en collaboration avec un ou plusieurs BRIOs pour une recherche en EMS (36.2%). Ces demandes concernent donc des personnes vieillissantes avec une problématique de santé mentale mais qui ont besoin d’un accompagnement type EMS (perte d’autonomie dans les AVQ, problèmes somatiques, mobilité réduite, etc.).

Au vu du manque de places en EMS de psychiatrie vieillissante mais aussi au vu des nombreux refus des EMS de PAA, les autres demandes ont dû être orientées uniquement vers un établissement psychosocial médicalisé pour adultes, EPSM, (mission de maintien des acquis principalement) et donc traitées par la Centrale Cantonale d’Information et de Coordination psychiatrique, CCICp.

Au total de ces 199 demandes :

  • 25 demandes ont abouti à une admission en EMS : 12.56%
  • 89 personnes ont été admises en EPSM ou en logement supervisé : 44.72%
  • 85 demandes ont été soit retirées, soit toujours actives, soit les personnes ont dû être hospitalisées : 42.71%

Il y a donc un véritable besoin d’EMS avec des équipes formées en santé mentale dès 50-55 ans, comme cela se fait à l’EMS La Vernie, de la Fondation Primerose à Crissier.

L’importance d’avoir des Etablissements Médico-Sociaux (EMS) prenant en compte la santé mentale est significative et repose sur plusieurs aspects cruciaux pour le bien-être et la qualité de vie des résident.es, ainsi que pour l’efficacité globale des systèmes de soins de santé. Voici quelques-unes des raisons essentielles pour lesquelles cela est important :

  1. Amélioration de la qualité de vie des résidents : Les personnes vieillissantes ayant des problématiques en santé mentale ont souvent besoin d’une attention particulière et d’un soutien spécifique pour gérer leurs troubles. Des EMS adaptés à la santé mentale peuvent fournir un environnement sûr et des services spécialisés qui contribuent à une meilleure qualité de vie.
  2. Réduction de la stigmatisation : L’existence d’EMS axés sur la santé mentale contribue à réduire la stigmatisation entourant les troubles mentaux. Elle envoie un message clair que ces troubles sont des problèmes de santé dignes d’attention et de soins, tout comme les problèmes de santé physique.
  3. Prise en charge intégrée : Les personnes âgées atteintes de problématiques de santé mentale peuvent également présenter des problèmes de santé physique. Des EMS qui intègrent la santé mentale dans leurs services permettent une approche globale de la santé, abordant à la fois les besoins physiques et psychologiques des résidents.
  4. Prévention des hospitalisations inutiles : Les soins de santé mentale appropriés peuvent contribuer à prévenir des complications graves et des hospitalisations inutiles. Les EMS spécialisés peuvent fournir un suivi et une gestion appropriés des problèmes de santé mentale, réduisant ainsi la nécessité de recourir aux services d’urgence.
  5. Soutien aux familles : Les familles des résidents vieillissants atteints de troubles mentaux peuvent bénéficier de l’existence d’EMS spécialisés. Ils ont l’assurance que leurs proches reçoivent les soins et l’attention nécessaires, ce qui peut réduire leur stress et leurs inquiétudes.
  6. Formation du personnel : Les EMS axés sur la santé mentale nécessitent souvent du personnel formé spécifiquement pour gérer les problématiques de santé mentale. Cela contribue à une meilleure compréhension et à une meilleure prise en charge des résidents ayant des troubles mentaux.
  7. Intégration sociale : Les EMS qui prennent en compte la santé mentale peuvent proposer des activités et des programmes de réadaptation sociale qui favorisent l’intégration et la participation des résidents à la vie communautaire.
  8. Répondre aux besoins émergents : Avec le vieillissement de la population, il est de plus en plus fréquent que des personnes vieillissantes présentent des problématiques en santé mentale. Les EMS adaptés sont essentiels pour répondre à ces besoins en évolution.
  9. Maintien dans leur environnement : la plupart des EMS de psychiatrie vieillissante se situent dans la région lausannoise. Une répartition de ces EMS dans l’ensemble des régions du canton de VD est essentielle pour que ces personnes puissent rester dans le milieu où elles ont vécu.

En résumé, avoir des EMS qui prennent en compte la santé mentale est essentiel pour garantir une prise en charge globale et adaptée aux besoins des personnes vieillissantes avec des problématiques en santé mentale, tout en contribuant à réduire la stigmatisation et à améliorer la qualité de vie de ces résidents

 

 

Il est important de savoir combien de personnes en âge AVS se trouvent dans nos EPSM et où ces personnes iront si les EMS ne peuvent pas les accueillir.
C’est pourquoi nous posons les questions suivantes :

 

  1. Combien de personnes en âge AVS sont dans nos Etablissements psychosociaux médicalisés ?
  2. Combien de places en EMS sont disponibles actuellement pour ces personnes ?
  3. De quelle manière, le DSAS peut-il favoriser l’ouverture de ce type d’EMS ?
  4. Sachant que les EMS et les EPSM ne disposent pas d’assez de places de manière générale, où iront ces personnes ?
  5. Les BRIOs orientent-ils ces personnes vers les EMS en faisant la distinction entre les EMS de Psychiatrie de l’age avancé et de Psy vieillissante ?
  6. Comment les EMS de PAA adaptent-ils leurs prestations à ce type de personnes ?
  7. De quelle formation en santé mentale dispose le personnel des EMS?

Interpellation de Céline misiego – députée POP au Grand Conseil