élections cantonales 2022 : le grand échiquier

Le 20 mars prochain, le peuple vaudois sera amené à se rendre aux urnes pour élire les prochains Grand Conseil et Conseil d’État, en pleine crise sanitaire. Analyse du grand échiquier politique.

Les prochaines votations auront lieu dans un climat de tension sociale rarement observé. La situation est exacerbée par la crise de COVID-19 et les enjeux politiques seront majeurs. Une récente étude menée par l’institut KOF révèle que les inégalités se sont renforcées en Suisse avec la pandémie. Les ménages dont le revenu est inférieur à 4000 francs par mois ont perdu «20% en moyenne depuis le début de la pandémie». Alors que les ménages dont le revenu mensuel est supérieur à 16 000 francs ont diminué de 8%. Pour ce qui est du reste du monde, le World Inequaity Report 2022 montre que la fortune des ultra-riches a augmenté pendant la même période, menant les inégalités à des niveaux que nous n’avions pas connus depuis l’époque coloniale. Un record. Lucas Chancel, codirecteur du World Inequality Lab à l’École d’économie de Paris, souligne que «le patrimoine milliardaire a pris plus de 3600 milliards d’euros».

Le PLR, fidèle à lui-même, défend les riches

Le PLR, toujours très inventif, a trouvé une solution miracle pour nous sortir de la crise: baisser les impôts des plus riches. On les remercie du conseil. À bon entendeur, salut! La crise de COVID-19 aurait pourtant dû permettre à la droite libérale de se remettre en question, car ce sont bien les pouvoirs publics – au travers des aides aux cas de rigueur, RHT (indemnités pour réduction de l’horaire de travail), APG (allocations perte de gain), fonds de soutien à l’industrie, entre autres – qui ont permis de sauver un secteur privé très affecté par la crise. Mais non, au PLR, personne ne semble avoir le souci de la contradiction.

Une alliance PLR-UDC-Centre pour l’élection du Conseil d’État vaudois

Le camp bourgeois a décidé de faire front commun pour faire tomber une majorité, dite de gauche, au Conseil d’État. Leur objectif (ils ne s’en cachent pas) est de faire baisser les impôts des plus riches. Le PLR est dans son rôle en tant que représentant naturel de la droite bourgeoise. L’UDC a une position bien plus ambivalente. Le parti d’extrême droite, qui passe son temps à caricaturer les immigrés, les musulmans et les minorités, se présente parfois comme le défenseur des «travailleurs suisses». En faisant du protectionnisme? Évidemment non. Ce discours de façade n’est là que pour tromper les électeurs. Sur le plan économique, ils sont aussi mondialistes que le PLR. Rappelons que l’UDC a soutenu l’accord sur le libre-échange avec l’Indonésie! Il est grand temps de mettre un terme à ce double jeu qui ne trompe plus personne. Ils veulent faire de notre canton un endroit où l’égalité, la solidarité et le respect des minorités et de l’environnement n’ont pas leur place. À côté de ça, ils sacrifient les conditions de vie matérielle des travailleurs et travailleuses vaudois au nom du libre-échange. Mais gageons que, cette fois, les électeurs sauront les sanctionner par les urnes.

Les Verts et les socialistes ne sont pas mieux

Alors doit-on nous tourner vers nos amis socialistes? Je crains que non. L’histoire nous l’a démontré à de maintes reprises. Rappelons- nous simplement de l’arnaque RIE3 concoctée par le tandem Broulis-Maillard qui voulait faires cadeaux fiscaux aux entreprises. Cela montre qu’une frange du parti socialiste est parfois prête aux pires compromis. Elle l’a prouvé par le passé. Entre des libéraux de gauche et des libéraux de droite, le peuple peine à faire la différence.

Pour ce qui est des Verts: ils culpabilisent les consommateurs au travers de leur politique du pollueur-payeur. Ils privilégient toujours les taxes aux impôts – un système inique qui fait payer autant les riches que les pauvres. Ils attaquent toujours la consommation, jamais le mode de production. Il parle de produire local sans jamais donner à l’Etat les moyens de le faire. Quand il s’agit de défendre

le protectionnisme, ils sont aux abonnés absents. Ils ne soutiennent même pas l’initiative pour des transports publics gratuits. Que font-ils de sérieux pour l’écologie? Parfois, on se le demande.

Le POP se positionne comme un candidat sérieux pour l’avenir

Cette année, le POP a décidé de lancer sa campagne en commémorant l’indépendance vaudoise. C’est un fait suffisamment marquant pour être noté – d’habitude l’événement est fêté par la droite. A cette occasion, le discours de son vice-président Luca Schalbetter justifie ce choix: «Nous sommes la gauche authentique et populaire, celle qui n’a jamais trahi. Nous n’avons aucune raison de laisser ce ter- rain à la droite et à l’extrême droite. Nous sommes même plus légitimes, car nous n’avons pas sacrifié nos agriculteurs et nos artisans locaux sur l’autel du libre-échange et du marché de la concurrence.» Si le choix de la date est audacieux, il démontre que le parti a une ligne politique sérieuse et cohérente. Le POP se positionne dans un espace politique laissé vide par une gauche qui a trahi: celle des plus précaires, celle des travailleurs, des artisans, des agriculteurs, bref celle des déçus de la politique.

Idriss Samim