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Afghanistan – La plus longue guerre de l’histoire des Etats-Unis s’est terminée par une défaite totale de l’impérialisme américain. Mais les relations troubles que les Etats-Unis entretiennent avec les groupes islamistes à travers le monde doivent pousser à nous questionner sur les réelles intentions de Washington dans la région.

Après les attentats du 11 septembre 2001, Georges Bush affirmait que les Etats-Unis mèneraient «une guerre contre tous ceux qui cherchent à exporter la terreur… Et contre les gouvernements qui les soutiennent.» Dans ses mémoires, il ajoutait: «Nous avions libéré le pays d’une dictature primitive, et nous avions l’obligation morale de laisser quelque chose de mieux.»

Mais après 20 ans d’occupation américaine en Afghanistan, force est de constater que ces deux objectifs ont totalement échoué. Le bilan est catastrophique: les talibans sont à nouveau maîtres du pays, la situation humanitaire est critique et la population craint qu’ils ne rétablissent le régime fondamentaliste qu’ils avaient imposé avant l’invasion des forces de l’OTAN. Mais si les images de la prise de Kaboul par les talibans ont choqué la planète entière, on en vient presque à oublier que le départ des forces de l’OTAN faisait partie de l’agenda américain. D’ailleurs, il est important de noter que l’évacuation du personnel étranger s’est faite avec l’accord du mouvement intégriste, qui était déjà maître de la capitale afghane.

Les accords de Doha

Pour rappel, le président Donald Trump et les talibans avaient signé un accord à Doha au Qatar, qui fixait un calendrier pour le retrait des Etats-Unis et de leurs alliés. En raison de ce pacte de non-agression, les Américains ne combattaient plus les talibans depuis plus d’un an. Les djihadistes ne s’attaquaient plus qu’aux forces afghanes et à la population civile.
Les Américains avaient même forcé le gouvernement afghan à libérer 5000 prisonniers djihadistes pour prouver qu’ils étaient prêts à les reconnaître comme des interlocuteurs légitimes sur la scène internationale. Le gouvernement de Joe Biden savait pertinemment que les talibans prendraient le pays après leur départ. Ils ont juste été surpris par la vitesse des événements.

Djihadistes: ennemis ou alliés?

En réalité, les Américains ont presque toujours soutenu les mouvements islamistes intégristes au Moyen-Orient. A ce titre, la séquence afghane de 2001-2021 fait office d’exception. Sous couvert de lutte pour la démocratie et les droits de l’Homme, ils ont soutenu les djihadistes et fait tomber le régime baasiste et laïque de Saddam Hussein en 2003, ils ont permis la montée de Daesh en attaquant la Libye du colonel Kadhafi, le pays alors le plus prospère d’Afrique, ils ont permis l’essor de l’Etat islamique en Syrie en déstabilisant le régime de Bachar el-Assad, prétextant toujours qu’ils s’agissait de régimes dictatoriaux.
Pourtant, cela ne les empêche pas d’être les plus proches alliés des pétromonarchies du Golfe comme l’Arabie Saoudite wahhabite. L’impérialisme et le capitalisme s’accommodent très bien des régimes obscurantistes et fondamentalistes quand ils servent leurs intérêts.

Fantômes de la guerre froide

Dans les années 80 déjà, lors de l’invasion soviétique en Afghanistan, les Américains soutenaient les djihadistes pour combattre le parti démocratique populaire d’Afghanistan (PDPA) du président Mohammad Najibullah, qui était alors allié de l’URSS. Les moudjahidines afghans étaient qualifiés de «combattants de la liberté» par le président américain Ronald Reagan. A l’occasion du dernier affrontement indirect entre les deux puissances de la guerre froide, les Etats-Unis avaient lourdement armé les moudjahidines, les dotant notamment du missile sol-air Stinger. Le djihad avait même été officiellement lancé par le conseiller à la sécurité nationale, M. Zbigniew Brzezinski. Devant une assemblée de barbus enturbannés, il avait proféré : «Cette terre, là-bas, est la vôtre. Vous y retournerez un jour parce que votre combat va triompher. Vous retrouverez alors vos maisons et vos mosquées, car votre cause est juste et que Dieu est à vos côtés.»

Les réformes progressistes du PDPA

Toujours dans les années 80, grâce aux réformes du PDPA, les femmes n’étaient pas
obligées de porter le voile, le gouvernement avait supprimé la dot et voulait éradiquer les mariages forcés. L’élite afghane, qui était formée au marxisme, était moderne, progressiste et même démocrate: elle prônait l’égalité entre les hommes et les femmes. L’Etat afghan combattait la pauvreté: il n’existait presque aucun mendiant à Kaboul.

Les terres étaient redistribuées à ceux qui la travaillaient. On encourageait le développement des arts, de la musique et du cinéma. Le jour, les habitants faisaient leurs courses dans des coopératives et, le soir, les jeunes sortaient danser dans des night-clubs. On pouvait même discrètement acheter de l’alcool… Kaboul avait des allures de capitale socialiste. C’était sans compter sur l’impérialisme américain. Le programme afghan fut lancé par le président Jimmy Carter: il s’agissait d’une opération secrète de la CIA consistant à armer les moudjahidines afghans. Les milliards de dollars américains eurent finalement raison du régime progressiste et démocrate, qui avait pourtant fait un appel à la réconciliation nationale par la voix de son président, le Dr Najibullah. Le djihad victorieux eut pour conséquence de détruire le pays et de le ramener au Moyen Âge.

En 1996, quand les talibans prirent la ville de Kaboul, la première chose qu’ils firent fut de capturer le président Najibullah, qui s’était réfugié dans les bureaux des Nations Unies. Ils le torturèrent, le castrèrent avant de les exécuter lui et son frère. Puis, ils suspendirent leurs cadavres à des panneaux de signalisation. Le 15 janvier 1998, M. Brzezinski fut interrogé par un journaliste du Nouvel Observateur qui lui demanda s’il ne regrette pas d’avoir favorisé l’intégrisme islamiste, d’avoir donné des armes, des conseils à de futurs terroristes.» Il répondit: «Qu’est-ce qui est le plus important au regard de l’histoire du monde? Les talibans ou la chute de l’empire soviétique? Quelques excités islamistes ou la libération de l’Europe centrale et la fin de la guerre froide?»

Rôle central du Pakistan

Mais si les Américains ont une lourde responsabilité dans le développement des mouvements islamistes intégristes en Afghanistan, rien n’aurait été possible sans un soutien logistique et tactique des services secrets pakistanais. Le président Donald Trump avait même reconnu: «Les Etats-Unis ont bêtement donné 33 milliards de dollars d’aide au Pakistan ces quinze dernières années et ils ne nous ont rien donné en retour si ce n’est des mensonges et de la duplicité, prenant nos dirigeants pour des idiots… Ils abritent les terroristes que nous chassons en Afghanistan, sans grande aide. C’est fini!»

Rappelons aussi que, lors de l’opération Geronimo, Oussama Ben Laden avait été retrouvé et assassiné dans le complexe de la ville garnison d’Abbottabad au Pakistan. Aucune stratégie ayant pour but d’éradiquer le terrorisme dans la région n’aura d’effet tant que les services secrets pakistanais continueront à former, financer et diriger ses mêmes mouvements djihadistes.

Article publié dans Résistance, Journal du POP Vaud par Idrees Samim

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