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Que rien n’est jamais acquis, la lutte pour les droits des femmes* en Suisse en donne un exemple on ne peut plus clair.

Alors que la pandémie mondiale amène son lot d’urgences sanitaires, économiques, sociales et climatiques, sur lesquelles toutes les énergies devraient se concentrer, les femmes doivent à nouveau faire front pour défendre leur droit à une retraite à 64 ans. Ceci quatre ans à peine après que le projet Prévoyance Vieillesse 2020 ait été rejetée par la population, suite à une mobilisation féminine massive.

Combat historique

Mais l’AVS et les femmes, c’est une bien plus longue histoire, explique Danielle Axelroud Buchmann. Cette militante de la Grève féministe souligne que dès 1919, les femmes ont activement pris part aux travaux de création de l’AVS et elles n’ont cessé depuis lors, de se battre pour leur droit à une retraite digne (1). Leur combat obtient quelques victoires. Notamment lors de la 10e révision de la loi sur l’AVS en 1997, le droit à une rente individuelle, le partage des cotisations, ainsi que «la prise en compte pour le calcul de la rente des bonifications pour tâches éducatives et/ou tâches d’assistance» (2).

Age de la retraite

Dès lors, le Conseil fédéral est revenu plusieurs fois à la charge pour tenter d’augmenter l’âge de départ à la retraite des femmes, au prétexte d’assurer les rentes. Mais la menace d’épuisement du fond ne s’est jamais réalisée. D’ailleurs, fin 2020, la fortune de l’AVS atteignait 47 milliards de francs, alors qu’elle s’élevait à 22 milliards en l’an 2000, rappelle la militante.

Le fonds de l’AVS n’a cessé d’augmenter et, en fin d’année dernière, elle dégageait un bénéfice de 1’941 millions de francs. (3) Le projet AVS 21 suit exactement la même logique que les tentatives précédentes. Ce dernier prévoit le renflouement des caisses de l’AVS par la hausse de six ans de la retraite des femmes, une flexibilisation du départ à la retraite entre 62 et 70 ans et une augmentation de la TVA de 0,7 points. Donc, à nouveau, les économies se feraient sur le dos des femmes.

Or, celles-ci sont déjà désavantagées tout au long de leur vie professionnelle: «la retraite, c’est l’heure de vérité», assène Danielle Axelroud Buchmann. «Les discriminations des femmes au moment de la retraite
proviennent en fait de toutes les discriminations subies avant d’y arriver. Les femmes perçoivent en moyenne un tiers de retraite en moins que les hommes parce qu’elles sont moins payées qu’eux, sans pour autant travailler moins.» Le travail non-rémunéré, les discriminations salariales, le temps partiel, l’occupation de postes dévalorisés et moins rétribués se répercutent de façon conséquente sur les rentes des femmes.

Temps des alternatives

Des alternatives existent cependant pour alimenter les fonds de l’AVS. La conseillère nationale Verte Léonore Porchet rappelle notamment que l’AVS étant financée par les cotisations, une lutte effective contre les inégalités salariales permettrait de renflouer ses caisses de manière bien plus efficace. En effet, la différence de revenus entre hommes et femmes, équivalant à 684.- par mois de moins perçu par les femmes dans le secteur privé et 602.- dans le secteur public, «si les inégalités salariales étaient combattues sérieusement et donc que les salaires des femmes étaient les mêmes que ceux des hommes, cela représenterait chaque année 750 millions de revenus en plus pour l’AVS» (4). En outre, pour être plus viable et équitable, les deux piliers (AVS et LPP) devraient être fondus en un seul, de manière à assurer les retraites actuelles (avec le système actuel de l’AVS, par répartition) et futures.

Projet de société dépassé

Pour Mme Axelroud Buchmann, la crise actuelle a été révélatrice des alternatives possibles. La pandémie a mis en évidence le fait que l’État a les moyens d’intervenir plus activement dans l’économie: «Lorsqu’il a fallu aider les entreprises dans le contexte de crise qui se prolongeait, tout à coup il y a eu de l’argent. On a trouvé de l’argent. Ça a montré que c’est possible. Si on trouve de l’argent pour le Covid, on peut en trouver pour les retraites. Au final, les questions que le débat soulève dépassent la seule préoccupation de l’assainissement de l’AVS.

L’enjeu est à la fois social – on fait sauter les verrous pour une augmentation de l’âge de la retraite pour tout le monde et on creuse les inégalités –, sanitaire – en travaillant plus longtemps on augmente les risques de problèmes de santé –, climatique – lutter contre le réchauffement passe par la remise en question de nos modes de production et de consommation. En nous faisant travailler plus longtemps, AVS 21 repose sur un projet de société qui va à contre-courant de toutes les leçons que l’on devrait tirer de la crise.

Article publié dans le journal Résistance par Elisa Turtschi

1 Danielle Axelroud Buchmann, « L’AVS et les femmes, une longue histoire », publié sur domainepublic.ch, le 18 mars 2021.

2 Ibid.

3 Rapport annuel du fonds de compensation AVS, communiqué compenswiss du 19 avril 2021.

4 Léonore Porchet, «AVS21 : une réforme inacceptable », note de blog, publié le 8 mars 2021.

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