Postulat : pour des matériaux durables en alternative au béton en ville de Lausanne
La Zone à Défendre (ZAD) des Orchidées conteste le défrichement de la Colline du Mormont, entre Penthalaz et La Sarraz, pour l’exploitation d’une carrière de calcaire par la société Lafarge Holcim. Que l’on se concentre sur cette entreprise mondiale ou non, que l’on approuve ou non les méthodes du collectif, cette action a le mérite de questionner l’impact énergétique de la construction en béton dans nos sociétés.
Le béton est connu pour son fort impact environnemental. Une forte part du bilan carbone du secteur de la construction est dû à la haute température (1450°C) nécessaire à la confection du clinker, entrant dans la composition du béton. La production du ciment produit 8% des gaz à effet de serre au niveau mondial. D’autres impacts environnementaux irréversibles sont liés à l’exploitation du sable – et dans le cas de la colline du Mormont, du calcaire.
La diminution du recours au béton est donc une mesure environnementale importante. Toutefois, elle reste marginale, en raison d’une multiplicité de motifs : éventuel surcoût, manque de connaissances des matériaux alternatifs (bois, paille, terre crue, etc.) dans le secteur de la construction, rareté du bois de construction local. Notamment, l’alternative de la paille compressée parait très intéressante, y compris pour des bâtiments de plusieurs étages, qui sont rapides à construire, limitent l’énergie grise et les déchets, ont démontré une longue durée de vie et une bonne résistance au feu.
Une collectivité publique innovante et soucieuse des changements climatiques telle que Lausanne pourrait développer des connaissances et des compétences innovatrices en matière de construction avec des matériaux renouvelables, en collaboration avec les milieux professionnels et les hautes écoles afin d’agir au niveau des bâtiments dont elle a la responsabilité et formuler des exigences environnementales pour les constructions nouvelles.
La Loi vaudoise sur l’aménagement du territoire et les constructions (LATC), à son article 24, prévoit que les plans d’affectations communaux « peuvent également contenir d’autres dispositions en matière d’aménagement du territoire et de restriction du droit à la propriété, pour autant qu’elles ne soient pas contraires à la loi et au plan directeur cantonal ». La Loi fédérale sur l’aménagement du territoire, à son article premier, prévoit que la Confédération, les cantons et les communes « soutiennent par des mesures d’aménagement les efforts qui sont entrepris notamment aux fins […] de protéger les bases naturelles de la vie, telles que le sol, l’air, l’eau, la forêt et le paysage ». Il paraît donc que le plan général d’affectation pourrait prévoir des exigences en matière d’impact écologique des constructions, et par ce biais favoriser des alternatives au béton. La norme SIA 2040 prévoit des mesures constructivesen vue d’atteindre la société à 2000 watts et pourrait constituer une référence pertinente.
Considérant ce qui précède, les soussignées demandent à la Municipalité d’examiner l’opportunité de :
- – Utiliser les connaissances acquises en Suisse et à l’étranger pour développer des connaissances et des compétences en matières de construction avec des matériaux renouvelables (notamment la paille), en collaboration avec les milieux professionnels et les hautes écoles ;
- – tout mettre en œuvre afin de diminuer voire stopper l’utilisation du béton dans les constructions et l’isolation de bâtiments dont elle a la responsabilité ;
- – formuler des exigences environnementales pour les constructions nouvelles.Déposé par Laura Manzoni au Conseil communal de Lausanne, le 15.01.2021