Il y a 3 ans j’ai épousé une infirmière

Je vous avais écrit il y a 2 ans pour vous partager la vie d’une épouse d’infirmière. Un moyen de pouvoir, à travers mes plaintes, rendre compte du quotidien de cette profession qu’on applaudit à grandes mains, mais pour qui rien n’avance vraiment.

Que s’est-il passé depuis…

Depuis, mon épouse qui a commencé à travailler fin 2016, est déjà la deuxième plus expérimentée de son service. Oui, car la durée de vie d’un.e infirmièr.e à plein temps à l’ hôpital se situe entre 2 et 5 ans. Alarmant n’est-ce pas ? Mais pourtant c’est bien connu de nos dirigeant.e.s qui ne semblent pas s’en soucier, même quand arrive une crise sanitaire sans précédent, mettant sous pression ce personnel mais aussi mettant en lumière – pour celles et ceux qui en doutaient encore – leur absolue nécessité en première ligne. Cela aura au moins eu le mérite de mettre d’accord l’ensemble de la classe politique, car aucun.e élu.e n’aurait l’audace de contester l’importance de ces professsionnel.les.

Mais malheureusement ça s’arrête là. Car certain.e.s ont eu beau proposer améliorations des conditions de travail, meilleure dotation en personnel ou encore une prime exceptionnelle, la majorité politique de droite refuse encore et toujours d’entrer en matière, prétextant encore et toujours vouloir contenir les coûts de la santé ! Ceci en dépit du fait que de meilleures conditions de travail permettent une meilleure qualité des soins, ce qui engendrerait de facto une baisse des coûts. Et tout cela sans compter ceux engendrés par les burn-out chez le personnel soignant. CQFD mesdames et messieurs les grands économistes. Et ça je dois l’expliquer à mon épouse quand je rentre du Grand Conseil, alors que j’aimerais tant pouvoir rentrer à la maison avec de bonnes nouvelles pour elle et pour l’hôpital public.

Pourtant, le personnel infirmier l’a bien compris lui, car c’est leur première et principale revendication. Avant de demander un meilleur salaire, avant de demander plus de vacances, avant de demander une prime, ce qu’ils et elles demandent c’est plus de personnel qualifié et plus de moyens dans les services pour pouvoir mieux s’occuper de leurs patient.e.s ; mais aussi afin de pouvoir exercer correctement la profession qu’ils et elles ont choisi et pour laquelle elles ont investi 4 ans de leur vie à être formé.e.s, sans avoir l’impression de bâcler leur travail ou d’avoir trop vite quitté un.e patient.e, faute de temps. Un état de fait qui affecte mon épouse, je le vois bien, mais je sais qu’elle et ses collègues ne baisseront pas les bras, ce qui me rend très fière et qui force mon respect ; non seulement pour ma femme, mais pour l’ensemble de la profession dont on minimise la complexité de leur activité.

Pis sinon, à part ça, qu’a-t-elle reçu elle et ses collègues pour leur implications sans faille durant la pandémie ? Un gel hydroalcoolique et un pot de Nivea… Ah oui, elle a reçu aussi vos applaudissements chaque soir à 21h et même si ça ne l’aide pas à se nourrir, ça lui a donné le sourire et bon sang ce que j’aime la voir sourire !

Céline Misiego