L’interpellation ci-dessous a été déposée par notre conseiller communal Bernard Borel à Aigle et la municipalité donnera une réponse dans les semaines à venir.
La même interpellation a été déposée par notre conseiller communal Christophe Grand à Bex. Malheureusement, suite à une très brève intervention du syndic PLR appelant au classement de cette interpellation, le conseil communal de Bex, par une courte majorité n’a pas jugé nécessaire de renvoyer cette interpellation à la municipalité pour qu’elle réponde aux 8 questions. L’interpellateur à toute fois déposé une résolution (qui est non contraignante) demandant que la municipalité réponde quand même aux questions de l’interpellation. Il est plus que probable que les réponses restent sans suite.
Qu’en est-il du chlorothalonil dans les eaux sous-terraines de notre commune et de la région ?
Dans cette période de déconfinement progressif lié à la pandémie de la Covid, il est temps de réfléchir à nos priorités sociales, écologiques, sanitaires et économiques. Si un enseignement peut être tiré de cette crise, c’est que dans notre monde globalisé, très axé sur la rentabilité immédiate et la production en masse, on a trop oublié notre fragilité biologique et notre appartenance à une planète que l’on ne peut pas exploiter et complètement maîtriser à notre guise, et qui peut nous jouer de mauvais tour. Il y a peut-être là une leçon d’humilité à prendre.
Dans ce sens, il est important de réfléchir à consommer plus « local » et à défendre des « circuits courts de consommation ». Mais il est aussi important de produire et de consommer en s’assurant que notre manière de faire ne nuise pas à notre santé, ni à celle de notre environnement.
Or, il est inquiétant d’apprendre le 1er mai par la presse qu’un « tous-ménages reçu quelques jours auparavant par les administrés de Bourg-en-Lavaux a donné à l’eau potable un petit arrière-goût chimique. Les dernières analyses sur le territoire communal ont révélé une concentration de métabolites du chlorothalonil dépassant la valeur admise par l’Ordonnance fédérale sur l’eau potable». Le seuil de tolérance fixé en août 2019 par la Confédération dans son ordonnance est de 0,1 microgramme par litre pour les métabolites de chlorothalonil. L’eau de Bourg-en-Lavaux en contient 6 fois plus. Rappelons que le chlorothalonil est un fongicide chimique utilisé de manière régulière dans la viticulture mais aussi dans l’agriculture, commercialisé entre autre par SYNGENTA depuis les années 70 et finalement, depuis le 1er janvier 2020, est interdit en Suisse. Les Communes ont deux ans au maximum pour mettre leur réseau d’eau en conformité.
Le Canton de Vaud a alerté ses Communes agricoles en mai 2019 sur cette problématique. Pas encore dans le rouge à l’époque, Bourg-en-Lavaux avait alors convoqué ses vignerons, nous dit-on, pour leur rappeler le plan de zones des sources et leur demander de limiter l’usage de ce pesticide décrié. Il a été classé par l’OMS comme potentiellement cancérigène pour l’homme, mais présente aussi un risque élevé pour les amphibiens et les poissons et donc pour la biodiversité. Les métabolites qui ont été décelés dans nos eaux potables et pour lesquels la Confédération exige aujourd’hui des mesures d’assainissement s’y trouvent probablement depuis longtemps et ont dès lors été ingérés par la population pendant des années, avec un impact sur la santé publique qu’il est difficile voire impossible d’évaluer.
Le 12 mai 2020 on apprenait de plus par un communiqué de presse que l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) a procédé à une première estimation de la pollution des eaux souterraines à l’échelle nationale dont il ressort que plusieurs métabolites du chlorothalonil dépassent la concentration admise dans de vastes parties du Plateau et sont ainsi à l’origine d’une pollution considérable (sic). Le tableau accompagnant cette information indique que notre région est aussi touchée.
On parle aujourd’hui du chlorothalonil. De fait, nombreux pesticides font polémique depuis quelques années : néonicotinoides tueurs d’abeilles, chlorpyriphos toxique pour le système nerveux et perturbateur endocrinien, glyphosate probablement cancérigène… Certains d’entre eux ont déjà été retirés du marché, mais d’autres continuent à être utilisés, sous la pression de l’industrie agrochimique. Nous avons affaire à un problème global : on a mis sur le marché un grand nombre de produits (environ 350), alors que l’on n’était visiblement pas en mesure d’évaluer correctement leur impact sur la santé et l’environnement. Et les producteurs les ont utilisés en toute bonne foi.
Après cette introduction, permettez-moi de poser les questions suivantes :
- Avez-vous été effectivement alerté par le Canton en mai 2019 et si oui, quelle a été alors votre attitude ?
- Pouvez-vous nous dire si l’eau de la commune de Bex, a été testée et si elle contient du chlorothalonil ou ses métabolites ?
- Si non, des tests sont-ils prévus et le cas échéant, quand les résultats seront-ils disponibles ?
- Une information est-elle prévue pour la population sur ce sujet par la municipalité ?
- Sur la carte de l’OFEV, on peut voir des points rouges, démontrant une contamination dans le Chablais. De quelles sources d’eau potable s’agit-il ?
- S’il y a un excès de chlorotalonil, quel plan d’assainissement est prévu et qui devra le financer ?
- Peut-on savoir si les contaminations proviennent de la vini-agriculture uniquement ou si cela peut aussi être une contamination des eaux souterraines par le site chimique de Monthey ?
- De manière plus générale, n’est-il pas temps, par souci d’exemplarité de proposer que tout le domaine public cultivé de la commune se reconvertisse au bio ?