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Prise de position du groupe Ensemble à Gauche et POP – Mardi 12 mai 2020 – par notre député Vincent Keller

Madame la 1ère Vice-Présidente,
Chères et chers collègues,
Madame la Présidente du Conseil d’Etat, Mesdames et Messieurs les Conseillers d’Etat,

Le premier pouvoir de ce canton reprend ses travaux. Enfin ! Certes, “l’état de nécessité” n’est pas encore levé et le Conseil d’Etat peut encore décider par voie d’arrêtés sans l’aval du Grand Conseil. Mais aujourd’hui nous sommes là. La politique, le débat, reprend la place qui doit être la sienne. Durant ces deux mois, Madame la 1ère Vice-Présidente a gardé un contact étroit avec l’ensemble des groupes politiques via le bureau élargi ; c’était une demande des groupes PDC Vaud Libre et EAG-POP non représentés au bureau, nous la remercions et – rareté – avec moins de fermeté que le Présidente du groupe PDC-VaudLibre. Il y a des entrées en matière plus faciles que d’autres, notre Présidente a probablement tout traversé en quelques mois : c’est dans la difficulté que l’on reconnaît les grandes femmes. Les députés ont pu transmettre des demandes au Conseil d’Etat et recevoir des informations de celui-ci. Même si l’on était très loin du fonctionnement politique normal du Grand Conseil, cela a été apprécié. La situation elle-même n’était pas normale.

Le déficit de démocratie que nous avons connu pendant ces 2 derniers mois s’est atténué aujourd’hui, mais il reste encore du chemin avant de retrouver une situation acceptable.

Le groupe EaG-POP ne va pas juger, aujourd’hui et alors que nous sommes encore en pleine pandémie mondiale, des décisions opérationnelles prises par le Conseil d’Etat. Nous ne sommes pas des cogestionnaires, nous ne sommes pas des Madame Soleil, nous ne sommes pas des spécialistes d’épidémiologie, nous sommes des politiques. Et comme il se dit parfois, “C’est à la fin de la foire que l’on compte les beuses.”, nous n’allons donc pas faire de déclarations tonitruantes qui seraient invalidées peut-être, dans quelques semaines, dans quelques mois suivant l’évolution de la situation.

Personne n’est en mesure de dire de quoi “le monde d’après” sera fait, ce dont nous sommes par contre certains, c’est que ce “monde d’après” ne doit plus être celui d’avant : celui de l’exploitation de l’humain pour le bénéfice d’une infime minorité, celui de la globalisation, de l’externalisation, de la délocalisation de la production, de la privatisation à outrance des bénéfices et de l’étatisation des pertes, la destruction de la Planéte. En résumé : celui du capitalisme débridé et décomplexé. Celui du moins d’Etat.

Pourquoi ?

Nous avons toutes et tous pu observer la façon dont l’Etat a géré cette crise. Tous les services publics de l’Etat. Il y a bien évidemment eu le personnel au front. Et qui l’est encore: le personnel sanitaire. Mais pas seulement. Il a fallu une infrastructure informatique permettant au dispositif sanitaire de fonctionner. Il a fallu une machinerie logistique bien huilée et capable de s’adapter rapidement. Il a fallu du suivi. Il a fallu de la communication. Tout cela, c’est l’Etat qui l’a fait. Malgré quelques couacs.

Alors ce dispositif sanitaire de crise, parlons-en ! C’est grâce à la coordination de l’Etat que tous les hôpitaux vaudois ont pu se grouper avec des centres de dépistage, des cliniques privées, la protection civile (et il est vrai, une aide de l’armée). C’est grâce à sa capacité d’anticipation, aux immenses compétences de ses plus de 10’000 collaborateurs que le vaisseau amiral CHUV a pu si bien encaisser la vague et “aplanir la courbe”. On a entendu, ici ou là, des esprits chagrin qui ont prétendu que le CHUV notamment avait trop prévu, qu’il a supprimé des opérations électives pour mettre à disposition des lits “COVID” et ce faisant, perdu des apports financiers. Nous, nous félicitons de cette capacité d’anticipation que seul un service public moderne, performant et efficace comme le CHUV est capable de mener à bien. Le Canton de Vaud, la Suisse Romande et notre Pays ne se sont pas retrouvé dans la triste situation Lombarde où il a fallu faire du tri. Choisir qui de la mère de famille ou du retraité allait recevoir un respirateur. Et donc qui allait vivre; et qui allait mourir.

Presque une année avant le début de la pandémie mondiale de COVID-19, en septembre 2018, le Grand Conseil a été nanti d’une initiative provenant de la droite ce notre Institution et demandant “une gouvernance moderne pour le CHUV”, argumentant qu’il faudrait – c’est une citation – “(…)La nécessité de veiller à une efficience optimale dans la maîtrise des coûts et la gestion des ressources exige une approche moderne et ouverte de la gouvernance hospitalière. La gouvernance du CHUV par un organe propre permettrait de mettre en œuvre une stratégie autonome et dynamique.(…)”. Nous reviendront au point suivant de l’ordre du jour sur un exemple de ce qu’est une “approche moderne, autonome et dynamique” d’un établissement autonome de droit public dirigé par un conseil d’établissement indépendantavec la débâcle de l’Hôpital Riviera-Chablais. Aujourd’hui, nous pouvons constater que le CHUV était prêt et que son statut de service de l’Etat, donc de service public, a parfaitement répondu à la demande et rempli son rôle. Le groupe politique à l’origine de cette initiative devrait quittancer son erreur et retirer son initiative.

Parce qu’il ne faut pas casser le CHUV. Bien au contraire ! Il faut l’ancrer dans la constitution; c’est ce que nous proposerons prochainement.

Parce que le service public, le CHUV en est l’exemple phare aujourd’hui, rime avec flexibilité, réactivité et indépendance.

Nous l’avons dit, nous remercions les plus de 10’000 collaborateurs du vaisseau amiral et les milliers de collaborateurs des autres entités du plan sanitaire vaudois. Nous ne nous contenterons pas de les applaudir tous les soir à 21h, mais nous exigerons une revalorisation de leurs conditions salariales. Nous connaissons que trop bien la difficulté de leur métier, l’anxiété qui a est la leur avec la proximité immédiate d’un danger viral méconnu. Et le peu de reconnaissance financière qu’ils subissent.

J’entends déjà la ritournelle du “mais alors, qui paiera ?”, je répondrai à Monsieur Broulis notamment, qu’une bonne gestion des deniers publics passe aussi par un travail sur les recettes et non toujours sur une réduction des dépenses. L’argent existe, il est là, mais il y a un petit travail à faire. Les grosses fortunes qui ont profité du système pendant des décennies doivent maintenant passer à la caisse. Nous le disons depuis des décennies, peut-être que cela finira par entrer.

A côté des services publics, il y a aussi ces milliers de mains qui ont permis à tout un chacun de pouvoir continuer à vivre. Les caissières et caissiers des magasins, les employées et employés de la Poste, les employées et employés communaux, les services de sécurité. Et toutes celles et tous ceux que l’on oublie. Celles et ceux-là devront aussi être remercié comme il se doit. Il y a assez de représentants du patronat dans cette salle pour transmettre le message.

Le tableau du succès des services publics dans la gestion de la crise n’est pas tout rose bonbon.

Il y a tout d’abord la situation dans les EMS et ESPM. Et l’Etat l’a lui-même reconnu. Sur les plus de 350 décès COVID dans ce canton, 250 l’ont été dans un EMS. C’est plus de 70%. C’est énorme. Malgré la hotline mise en place par l’Etat, malgré le pool de coordination, malgré les demandes de renforts satisfaites par les élèves infirmiers, les civilistes et l’armée, malgré tout ces efforts, la situation reste difficile. Cela, il faudra en analyser très sérieusement la cause.

Il y a aussi la situation professionnelle, financière et donc personnelle d’une grande partie de la population. Celle qui s’est retrouvée au chômage. Mais pas seulement. Les centaines d’indépendants qui n’ont plus de travail. Il y a aussi ces personnes dont on parle très peu mais qui sont si importantes. Les employées et employés de maisons, par exemple – parfois payés au noir – a qui l’on a dit “désolé, pas ce mois-ci”.

L’essentiel des aides financières iront aux employeurs et pour la plupart, sans contrepartie éthique (interdiction de verser des dividendes, interdiction de licenciement, etc..); il faudra renforcer les contrôles, et les sanctions, pour ces entreprises qui abusent.

Notre groupe constate qu’il y a une faiblesse de l’Etat sur la préservation des salaires. Encore !

Cette crise a creusé les inégalités sociales. Il y a évidemment l’aspect financier, mais pas seulement. Prenons l’exemple de l’école à la maison : vivre un confinement avec des enfants dans une villa avec jardin pour deux salariés du tertiaire est autrement plus agréable que de le vivre dans un 3 pièces et demi sans balcon lorsqu’on est caissière à la Migros.

Alors, à toutes ces travailleuses et tous ces travailleurs, nous leur disons Merci, et que nous ne les oublierons pas.

Ceux qui veulent réduire les moyens de l’Etat à peau de chagrin en sont pour leurs frais.

Le “Moins d’Etat” est mort avec le monde d’avant.

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