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La grève des femmes se profile et distille un récit qui montre qu’elles ne se sont jamais résignées. Pendant que les hommes se demandent s’ils osent encore être galants par les temps qui courent, les femmes désignent des portes qui restent encore bien fermées. Ces portes le sont en raison d’un espace public insécure, en raison d’un rappel permanent à faire attention à leur apparence, en raison du bizutage qu’elles doivent vivre en solitaire pour accéder à certaines professions ou d’une répartition inégale des charges domestiques qui se répercute sur leur activité professionnelle. Combien de femmes peuvent-elles réellement s’appuyer sur la présence d’un compagnon qui, soit à temps partiel soit à temps plein, assume la tenue de la maison, l’éducation des enfants, la charge d’un·e proche? 

En outre, nombreuses sont les femmes qui se sentent illégitimes de prendre leur place, qui anticipent les conflits, qui prennent en charge la qualité des liens sociaux dans les groupes (ce qu’on apprend très tôt aux petites filles, chargées implicitement de «pacifier les classes»), cela de manière gratuite et en dépit de la charge mentale que cela représente. En outre, elles hésitent à reconnaître leur propre valeur, ayant appris à faire passer cette évaluation par le regard d’autrui. Le message est clair: on peut occuper des postes à responsabilité, devenir cadre, politicienne, mais il faut être prête à en payer le prix, sans quittance. 

La sociologue Nancy Fraser avait fait une analyse très pertinente du féminisme, trop axé sur l’accès au travail rémunéré. Les femmes ont-elles vraiment gagné cette bataille? Dans un monde où les conditions de travail se péjorent, où son coût social est toujours plus remis en cause, où de nombreuses femmes occupent des emplois précaires, où les salaires restent inégaux, on peut en douter. 

La sociologue suggérait alors que les luttes pour l’émancipation des femmes servent d’exemple pour introduire la solidarité dans toutes les sphères et mieux la répartir qu’aujourd’hui. L’écoute, les liens entre les gens, le soin aux enfants et aux personnes vulnérables, la prise en compte de la diversité appartiennent à toutes et tous, dans tous les domaines et pas uniquement aux femmes, ni à des sphères dévolues aux femmes. 

Cela commence par la famille, avec des initiatives telles que le congé paternité qui permettrait déjà de répartir la charge du soin des enfants, et ainsi de moins figer les rôles des parents dès la naissance d’un enfant, tout en repoussant de quelques semaines le recours aux structures d’accueil. 

D’autres exemples existent. De même que des hommes et des femmes ayant déjà pris le train d’un autre partage des tâches. Pas encore assez pour renverser les normes, mais assez pour démontrer que la nature n’y est pas pour grand-chose et que chacun·e y gagne en partageant les rôles. Ce que les femmes ne peuvent pas faire toutes seules. 

Texte de Karine Clerc paru dans le 24heures

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