C’est un studieux, combatif et fraternel Congrès qui s’est tenu le samedi 10 mai dans la buvette de la Grande-Salle de Renens. Une commune de Renens dont la syndique, notre camarade Marianne Huguenin, a rappelé que, aujourd’hui habitée par une population à petits revenus et à petites rentes, elle a contribué à faire la richesse de la Suisse, par son tissu industriel. Le Congrès a réuni près de 50 participant-e-s. Il était axé sur la défense du service public. Gavriel Pinson, président du POP vaudois et du PST, a présenté un exposé sur le très inquiétant mais trop peu connu accord TiSA (Trade in Services Agreement). Rappelons de quoi il s’agit. Lors d’un 1er round de négociations à Doha, les pays riches souhaitaient que les pays émergents leur ouvrent totalement leurs marchés, mais sans la réciproque pour les produits agricoles de ces derniers. Suite au légitime refus des pays pauvres, les négociations ont capoté. Les pays riches se sont alors unis sous le nom ridicule de «Real good friends of services», prônant une libéralisation totale du marché des services. Leurs négociations sont totalement secrètes. Le gouvernement suisse y participe sans même que le parlement en soit informé! Or la signature de l’accord TiSA représenterait une menace très grave. Elle signifierait par exemple que les écoles, les hôpitaux ou les théâtres privés devraient être subventionnés au même titre que les institutions publiques. Ce serait aussi la privatisation de l’eau, de l’électricité, en bref le démantèlement total du service public. Rappelons que ce service public (postes, chemins de fer, etc.) a été instauré par les radicaux, alors révolutionnaires, dans la Suisse de 1848. Attac Suisse est totalement opposé à cette dérive. Tout comme ACIDUS (Association pour la défense des usagers du service public). Elisabeth Brindesi a présenté cette association devant le Congrès. Elle est née dans les années 2002-2004, en rapport avec la fermeture de bureaux de Poste. Par un travail approfondi d’explication, par des stands, des récoltes de signatures, des actions publiques, elle s’est opposée à l’AGCS (Accord général pour le commerce des services). Elle s’est associée à diverses luttes, pour la caisse maladie unique, contre l’autonomisation – en clair la privatisation – du Service vaudois des automobiles; elle a participé la campagne contre la fermeture de CFF Cargo. La conférencière a terminé son exposé en soulignant avec force que les privatisations sont des atteintes à la démocratie. Non, le service public n’est pas un «marché»!

Une riche discussion par groupes a suivi ces deux présentations. Comment lutter, et par quels moyens, contre ce démantèlement? Il est apparu d’abord qu’il faut faire l’effort de s’informer sur ces sujets économiques certes ardus (par exemple sur le site www.acidus.ch). Partout où des bureaux postaux sont menacés de fermeture, mobiliser les intéressés par des pétitions, des tracts, des lettres de lecteur, sans oublier d’utiliser les réseaux sociaux dont Larry Sarrasin, vice-président du POP et expert en Internet, nous a démontré l’efficacité. Il a été décidé aussi qu’un intéressant texte d’ACIDUS serait résumé et simplifié, puis diffusé sous forme de flyer par notre parti. On agira aussi auprès des législatifs pour que des communes, à l’instar de Lausanne, se déclarent «hors TiSA».

Notre camarade le Dr Silvio Torriani a une fois de plus déposé son stéthoscope pour nous concocter, avec l’efficace équipe de cuisine, son succulent risotto connu loin à la ronde. Après ce repas qui a permis des échanges fraternels, on a passé à une partie plus statutaire. Notre dynamique secrétaire Céline Misiego a présenté un rapport à la fois précis et vibrant, suivi de celui, tout aussi clair, de Didier Divorne au nom de la députation au Grand Conseil. Les instances du parti ont été réélues par acclamations.

Une ombre sur ce Congrès: l’absence définitive de trois camarades unanimement respectés: Raymond Berthoud, Louis Sidler et Paul Loup. Par leur exemple, ils continuent à inspirer nos actions et nos luttes. Un hommage leur a été rendu par l’assistance debout.  Après le vote à l’unanimité d’une résolution sur la défense du service public, le très dynamique et chaleureux Congrès du POP vaudois s’est achevé par le chant de l’Internationale, dont notre camarade Pierre Payot s’est chargé de rappeler les paroles à celles et ceux qui les auraient oubliées…

 Pierre Jeanneret

 Résolution adoptée par le Congrès du POP & Gauche en mouvement

En tant que parti de la gauche combative, le POP vaudois est très attaché au service public. Le
service public est un service dû par l’Etat au public qui finance son existence. En tant que tel, il
participe, en partie, à une juste redistribution des richesses. Les services publics sont un moyen
de maintenir une partie de l’économie en dehors du système capitaliste.

Ces dernières années, nous assistons à un démantèlement du service public, au travers de privatisations, réductions des prestations, et même remise en question de certaines prestations.
Le POP vaudois juge cette situation tout à fait inacceptable! Depuis la semi-privatisation des
PTT, la Poste, bien que faisant des bénéfices, continue de fermer des bureaux, licencier du
personnel, réduire les prestations. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.

Le Conseil d’Etat, soi-disant de gauche, continue à participer à cette opération de
démantèlement. Il accorde 550 millions de cadeaux fiscaux aux entreprises et, parallèlement,
lime certaines prestations sociales. Ce Conseil d’Etat se montre comme étant clairement à la
botte de l’économie. Le POP vaudois attend de la part d’un « gouvernement de gauche », qu’il s’engage sans aucune ambiguïté contre toutes formes de démantèlement du service public. Le Conseil d’Etat doit s’opposer résolument à toute privatisation, au niveau fédéral, cantonal ou communal. Il doit revoir à la hausse les prestations destinées aux plus défavorisés. Par ailleurs, nous demandons au Conseil d’Etat d’exiger que le Conseil fédéral se retire immédiatement des négociations en cours dans le cadre de l’Accord sur le Commerce des Services (ACS-TISA). Accord auquel une très large coalition de partis de gauche et de syndicats de toute l’Europe s’opposera avec la plus grande fermeté.

Adoptée à Renens, le 10 mai 2014

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