Par Christiane Jaquet-Berger, députée et Conseillère communale, Lausanne
Un groupe d’opposants se tenaient déjà devant l’Hôtel de Ville une heure avant le débat
qui promettait d’animer le Conseil communal. Ce qui fut le cas. Difficile en effet de
convaincre les Lausannois en matière d’urbanisme. Charles-Ferdinand Ramuz lui-même
ne s’était-il pas opposé farouchement à la construction de la Tour Bel Air ? Aujourd’hui
la Tour Taoua ne fait pas exception.
Il s’agit du projet d’une tour de 85 mètres dans l’espace de Beaulieu, lieu mythique
du Comptoir. L’opposition du voisinage a d’emblée été vive. La tour devrait accueillr
un hôtel destiné aux Congrès, un restaurant panoramique, des bureaux et enfin 80
logements, chers. Ces loyers censés être contrôlés devraient atteindre quelque 3’000
francs pour un quatre pièces. La Municipalité prévoit que ce projet permettra la création
de 250 emplois. Le seul point positif reconnu par tous : l’intégration, l’accès, l’ouverture
aux magnifiques jardins publics. Mais cela n’a rien à voir avec la hauteur de la tour.
L’opposition la plus claire est celle du groupe POP solidaritéS, des Verts et de l’UDC. Ces
derniers ont scandé : « A quoi sert une tour à Lausanne ? » Pour les Verts, sept étages
suffiraient. « Le plus bel endroit de ce projet sera la tour TAOUA car elle permettra de
ne pas la voir !» Quant à la Gauche, l’identité mystérieuse de le société signataire du
droit de superficie l’interroge. Comme les prix des loyers et l’impact sur le voisinage,
l’utilité discutable de créer des surfaces de bureaux, les conséquences sur le trafic déjà
très intense dans ce quartier ou la consommation d’électricité, comme celle pour les sept
ascenseurs.
Le projet a été accepté par 55 voix contre 32 . La proposition de soumettre
spontanément au vote populaire ce projet audacieux a été refusée à 12 voix près. Les
socialistes, pourtant si prompts à célébrer la démarche participative d’Agenda 21
et le besoin de dessiner l’avenir avec la population, s’y sont farouchement opposés.
Laissant entendre, comme le fit le rapporteur socialiste de la commission, que ceux
qui voudraient solliciter le peuple parce qu’ils ne sont pas sûrs de leur propre décision
n’ont qu’à démissionner du Conseil. Belle ambiance. Un referendum partira à coup sûr
et un vote populaire pourrait avoir lieu au début de 2014.
Paru dans le Guachebdo du 24 septembre 2013