Nous devons débattre ce soir d’un budget, qui est déficitaire de 32’205’000 francs. Comment expliquer ce déficit ? La droite invoquera l’incompétence et l’irresponsabilité de la majorité rose-rouge-verte, néanmoins, cette majorité a été élue pour cinq ans, et il vaut mieux chercher d’autres explications. Je m’attacherai à la répartition des charges et ressources entre communes au sein du Canton de Vaud, avec le tableau suivant :

 

Nous avons dans la première colonne les chiffres vaudois, dans la deuxième les chiffres pour l’ensemble des communes hormis Lausanne, dans la troisième ceux de Lausanne, puis le pourcentage de Lausanne par rapport aux chiffres cantonaux. Dans la colonne suivante, nous avons les chiffres qui seraient ceux de Lausanne, au prorata de la population, si Lausanne correspondait à la moyenne du Canton. Dans la dernière colonne, nous voyons la différence entre les chiffres lausannois et ce qu’ils seraient s’ils correspondaient à une commune moyenne. Les chiffres sont ceux publiés par le SCRIS ; je vous prie d’excuser les variations de date, mais le SCRIS ne publie pas toujours toutes les données que j’aurais souhaitées.

Nous voyons que la population Lausannoise représente 19.5% des Vaudois. Les ressources fiscales de la commune sont légèrement plus importantes, puisqu’elles représentent 20.32% de celles du Canton. Ce chiffre cache toutefois des disparités : les impôts sur le revenu et la fortune rapportent moins (17.68%), probablement à cause du nombre de personnes à bas revenus ; rappelons que la part de personnes à l’aide sociale est deux fois plus élevée à Lausanne que dans le reste du Canton. C’est un effet connu des villes-centres, qui attirent plus de bas revenus, pour des raisons d’opportunités professionnelles et d’infrastructures publiques auxquelles ils peuvent recourir. Ce phénomène a été constaté durant la crise des années 1930 déjà, et à ma connaissance, il n’a pas fait exception depuis.

Au contraire, l’impôt sur le bénéfice et le capital des sociétés est proportionnellement élevé ; c’est probablement parce que l’économie lausannoise est dynamique et profitable. En raison de leur rattachement économique, les sociétés paient un impôt sur les bénéfices qu’elles encaissent à Lausanne, alors que les individus peuvent recevoir un salaire lausannois et payer leurs impôts dans une autre commune. C’est pour cela que nous avons des revenus fiscaux légèrement plus élevés, alors que notre taux d’impôts est l’un des plus élevés du Canton.

J’ai ensuite sélectionné un certain nombre de dépenses ; nous pouvons ainsi voir que Lausanne assume la majorité des dépenses de culture et loisirs du Canton ; et ce ne sont pas les revenus de l’impôt sur les divertissements qui financent cette différence. De même, Lausanne assume 83.79% des dépenses pour l’intitulé « Office du Logement » ; cela reflète le travail de l’Unité Logement à Lausanne, qui est quasiment la seule structure proposant une aide à la recherche de logement dans le Canton.

Si nous regardons les impacts financiers, nous voyons que Lausanne a 17’900’000 francs de recettes en plus que la moyenne des communes, et 50’100’000 francs de dépenses en plus pour les seules rubriques « Culture et Loisirs » et « Office du Logement ». 50’100’000 moins 17’900’000 : nous arrivons au montant de 32’200’000 francs. Est-ce que ce sont les 32’200’000 francs de déficit de cette année ? Non, bien entendu. Mais cela me convainc que si l’initiative pour une taux unique d’impôt communal, lancée par le POP il y a une dizaine d’années, avait abouti, nous ne serions pas en train de débattre sur un déficit. Nous ne manquerons pas de revenir sur ce sujet ces prochains temps.