par Marianne Huguenin, syndique, conseillère nationale, paru dans 24 Heures du vendredi 3 novembre 2006

Grisés par leurs succès les Verts ont choisi de s’éloigner d’une alliance rose-rouge-verte à 4, seule choix raisonnable face à une droite qui a su s’unir. Ils sacrifient ainsi l’unité de la gauche et le respect de ses différentes composantes sur l’autel de leur ambition, et cassent leur lien privilégié avec le Parti socialiste.

Cette décision a été prise à une nette majorité, malgré l’avis contraire « d’anciens » comme Daniel Brélaz, Anne-Catherine Menétrey ou Philippe Biéler, mais avec une pression massive des médias pour qu’ils s’émancipent de leurs alliés traditionnels’ médias qui ont tu le fait que cette désunion renforce la droite.

On veut nous faire croire que le débat se focalise sur la personne de Josef Zisyadis, soi-disant obstacle principal à la liste à 4. Cet argument n’est qu’un prétexte ; nul popiste, aussi parfait soit-il, n’aurait convenu ! Une preuve ? lors des deux dernières élections au Grand Conseil, ce sont des listes uniques rouges-vertes qui ont permis dans les petits arrondissements de faire élire, ici un député POP, là un député Vert. Le député POP du Chablais n’est pas contesté, et pourtant le principe d’une liste unique ne va plus de soi pour les Verts’

La vraie, la seule raison, c’est qu’ils veulent aller chercher un électorat au centre et à droite. Ils veulent le beurre et l’argent du beurre, l’image de gauche et l’électorat de droite?ce qui sera difficile ! l’épouvantail Zisyadis n’est agité par eux, comme par une vieille garde socialiste isolée et quelques médias, que pour masquer cette tendance forte, bien plus importante que des rognes dépassées et quelques clichés soigneusement entretenus par certains.

Le candidat du POP se présente pour la 6ème fois ? Normal pour un petit parti ! Ce qui est respectable chez une Arlette Laguiller ne le serait que parce qu’elle n’a aucune chance ? Si on a l’énergie et l’envie de réaliser des projets, on survit à une défaite, et on continue à travailler : ce devrait être un point positif quant à la ténacité de la personne et sa fidélité à ses positions’ Et les conseillers d’Etat socialistes ne sont pas ceux d’il y a 10 ans : le Conseiller d’Etat Zisyadis fraichement élu dans un gouvernement à majorité de gauche s’était retrouvé tout seul en proposant comme premier geste symbolique une augmentation des allocations familiales. Maintenant, c’est Pierre-Yves Maillard qui avance et réalise ce projet?

En prétendant poursuivre une alliance à gauche et revendiquer deux candidats au premier tour, les Verts tiennent un double discours. Ils ne respectent pas leurs alliés et ne défendent que leurs intérêts de parti, pas ceux de l’ensemble de la gauche et surtout pas ceux de la population qui souhaite un changement de majorité. Le Parti socialiste a freiné ses ambitions de grand parti pour privilégier ses partenaires, Verts et A Gauche toute ! dont il sait avec réalisme avoir besoin pour gagner la majorité. Et A Gauche toute ! ne peut accepter d’être le porteur de valises ou la cinquième roue du char d’une alliance qui finirait au Conseil d’Etat sans elle, ce que certains Verts avouent tout tranquillement être leur but?

Le canton de Vaud mérite mieux qu’une gauche divisée alors que l’enjeu est d’importance. J’aimerais dire à nos alliés verts que la seule vraie ambition est de prouver leur avancée en gagnant des sièges au Grand Conseil, pour y changer la majorité. Votre deuxième conseiller d’Etat ? attendez que cela mûrisse un peu, si cela doit être? Et peut-être trouverez-vous la bonne personne, une femme ?