par Jean-Paul Dudt, député POP, paru dans 24 Heures du 13 mars 2006
Depuis que le canton de Vaud prend au sérieux la lutte contre les excès de vitesse sur ses routes, la chasse aux radars est ouverte. Que n’entend-on et ne lit-on pas ces derniers temps : « radars pompes à fric ! », « automobilistes vaches à lait ! », etc. Or une chose est sûre : le jour où tout le monde respectera les vitesses, on aura beau multiplier le nombre de radars, ils ne rapporteront plus un centime !
Et ce jour-là, ce ne sera pas seulement le porte-monnaie des automobilistes qui se portera mieux, mais aussi leur confort de conduite et surtout leur sécurité. Moins de morts, moins de handicapés, moins d’orphelins : c’est tout bénéfice pour tout le monde. Car les statistiques sont claires : les tronçons sur lesquels on a installé des radars connaissent une baisse spectaculaire du nombre d’accidents, ainsi que de leur gravité. Cette même constatation est d’ailleurs faite un peu partout, en Suisse et à l’étranger.
Et il ne s’agit pas seulement de statistiques. Tout conducteur qui emprunte l’autoroute de contournement de Lausanne a pu le constater par lui-même : depuis l’installation des radars, la conduite y est beaucoup moins stressante.
Nous avons bien sûr toujours de bons « arguments » pour justifier nos excès de vitesse. Un rendez-vous urgent par exemple. Mais vaut-il la peine de mettre son intégrité physique et celle des autres en danger si on sait que rouler à 150 km/h au lieu de 120 fait « gagner » à peine une minute trente sur les 15 km du contournement de Lausanne ?
Quant à ceux qui contestent ? à tord ou à raison – les limitations de vitesses, que ce soit de façon générale ou sur des tronçons particuliers, ne devraient-ils pas plutôt tenter de changer les règles par une action politique, plutôt que de les enfreindre individuellement au mépris de la santé d’autrui ?
Car, c’est bien connu, la liberté de chacun s’arrête là où commence celle d’autrui : ceci est particulièrement vrai sur la route, que chacun doit partager avec les autres, qu’il le veuille ou non.
On rétorquera peut-être que le jour béni où les radars ne flasheront plus personne, ils coûteront plus cher aux contribuables qu’ils ne rapportent. Mais même ceci n’est vrai qu’en apparence. Car une fois que les radars auront pacifié la circulation et réduit drastiquement le nombre d’accidents et leur gravité, on n’évitera pas seulement des drames humains, mais cela fera économiser aux collectivités publiques les frais de guérison et de réhabilitation des accidentés. A savoir des centaines de millions qui sont actuellement dépensés chaque année juste pour redonner une intégrité physique à des gens qui n’auraient jamais dû la perdre. Donc bien davantage que l’argent des amendes rapporté par les radars.
Mais alors pourquoi diable le Conseiller fédéral Blocher pousse-t-il son irresponsabilité jusqu’à s’attaquer ouvertement aux radars ? Serait-ce pour donner un coup de pouce à son grand copain Emil Frey, conseiller national UDC et importateur de voitures ? Ce n’est pas exclu et n’étonnera qu’à moitié ceux qui savent que M. Blocher n’a jamais fait de la politique que pour ses propres intérêts de milliardaire et pour ceux de ses copains tout aussi nantis’
Quant au Conseiller d’Etat Ch.-L. Rochat, qui tergiverse et ne voudrait plus de nouveaux radars pour l’année électorale 2007, combien de personnes est-il prêt à envoyer en chaise roulante pour assurer sa réélection ?
Ne nous laissons pas impressionner par ces propos démagogiques. Cessons de considérer les accidents comme une fatalité et les excès de vitesse comme un sport. Seul le respect des vitesses’ et par là des autres usagers de la route – fera que les radars, aussi nombreux soient-ils, cessent définitivement d’être des pompes à fric et les automobilistes des vaches à lait et des handicapés en puissance !

