Par Christiane Jaquet, députée au Grand Conseil Vaudois

 La continuité dans le changement

Un budget permet de préciser comment l’argent des contribuables sera dépensé et selon quelles priorités. C’est donc l’acte politique le plus important de l’année. Depuis le mois de janvier, le Conseil d’Etat a changé de majorité. Aussi l’annonce du budget a causé un petit frémissement d’espoirs. On attendait au moins une modeste coloration du budget. Or, on peine à déceler le moindre changement par rapport aux budgets des dernières années.

 

Certes, des investissements sont enfin visibles : nouvel hôpital du Chablais, transports, école, nouveau parlement. Mais ce ne sont que les concrétisations de décisions prises par le Grand Conseil il y a plusieurs mois.

La nouveauté, c’est la négociation réalisée avec le Centre patronal. Baisser les impôts des entreprises permet d’augmenter les allocations familiales. On y reconnaît la patte du nouveau président du Conseil d’Etat Pierre-Yves Maillard, en digne émule des méthodes de Pascal Broulis.

En revanche, on constate que le canton de Vaud compte visiblement toujours plus de pauvres : au point qu’il faut mettre 21 millions de plus pour garantir le minimum vital aux personnes à l’AVS ou à l’AI qui reçoivent des prestations complémentaires, 16 millions supplémentaires pour les PC familles et 4 millions de plus pour les personnes au RI. Pourtant le canton de Vaud jouit d’une croissance enviée par la Confédération et fait partie, pour 105 millions, des huit cantons qui alimentent solidairement les autres. Le fossé entre riches et pauvres se creuse.

Malgré le manque dramatique de logements à un prix abordable, on ne voit pas trace d’un souci du Conseil d’Etat dans ce domaine. Rien n’a été prévu pour combattre le fléau de la pénurie. Le Conseil d’Etat n’a pas empoigné la question, même si la Constitution vaudoise affirme qu’il s‘agit d’une tâche gouvernementale et communale.

Autre point brûlant, la Caisse de pension de l’Etat qui a 40 ans pour harmoniser son système aux exigences fédérales. Le budget inclut déjà 94 millions en prévision, comme l’an passé, décision prise alors que le Conseil d’Etat n’avait même pas entamé les négociations avec les syndicats.

Ce budget 2013 n’est qu’à l’image du dogme de la continuité dans le changement.

Christiane Jaquet-Berger