La consigne de socialisation des pertes et privatisation des richesses doit être évoquée maintenant que nous discutons de la RIE III. Nous sommes ici, clairement dans une situation typique de transfert de coûts aux citoyens, de la même façon que les entreprises font de l’externalisation de coûts vis-à-vis de l’état, qui sont finalement payés par l’argent public dont nos impôts. RIE III signifie pour nous une attaque directe au service publicª

Dans certains articles de presse, le sujet est présenté de façon incompréhensible pour Monsieur et Madame tout le monde. Cette façon de « communiquer » cherche à confondre les citoyens pour qu’ils restent à la maison le 20 mars prochain afin de faciliter la victoire du secteur « donner aux riches ». Face à ce défi d’incompréhension, le citoyen normal pense que la politique devient une affaire d’experts hyper diplômés, ce qui se traduit par l’apathie et l’abstention

Coup de théâtre I, le mercredi 20 janvier dans un journal local gratuit, il est annoncé que la municipale Florence Germond se positionne sur la RIE III, mais finalement rien de nouveau, la municipale a avalé sa langue et pourtant elle a été la première à exprimer son mécontentement vis-à-vis de cette réforme. Rappelée  à l’ordre par son chef de parti M. Maillard-Pyongyang[1], elle a dû nuancer ses propos. Maintenant, elle se contente de dire que tout dépendra des compensations, c.-à-d. elle s’exprime sans aborder le cœur du problème.  Le vendredi 22 janvier coup de théâtre II, les acteurs de la comédie prennent leurs marques. P-Y Maillard comparaît devant les médias avec Mme Métraux pour demander aux communes de se serrer la ceinture car elles sont en « bonne santé financière ». Le désespoir de P-Y Maillard est latent, 17 mille signatures contre la privatisation des services publics, un NON clair au RIE III lui fait perdre le sommeil.

Le constat est que RIE III aura un impact important dans la santé financière des communes vaudoises 440 millions par année ; plusieurs projets verront leurs subventions coupées et certains chantiers verront leur budget partir en fumée grâce à la RIE III. L’insistance dans les mesures de compensations est un sophisme pour échapper à un constat, le couple Broulis-Maillard essaie de nous tromper avec ses promesses difficiles à accomplir. Regardons en détail une des promesses d’importance capitale pour les familles :

Sur la promesse de développer plus de places en crèches et garderies : petit rappel historique, le peuple vaudois avait voté en septembre 2009  l’article 63a de la constitution vaudoise qui confie aux communes la tâche d’offrir aux enfants « une école à journée continue », ces changements impératifs dus à l’harmonisation des horaires des classes enfantines et primaires,  demandent la création de nouvelles structures d’accueil. Le bilan aujourd’hui en janvier 2016 est que certaines villes comme Lausanne ont 3 voire 4 ans de retard par rapport aux objectifs et obligations de l’article 63a.

La promesse de Broulis-Maillard ne tient pas la route concernant le développement des crèches et garderies car c’est un mandat  du peuple vaudois et donc le Canton est oublié de soutenir les communes pour accomplir la nouvelle loi sur l’enseignement obligatoire LEO. À qui prétendent-ils tromper, si les villes vaudoises sont en retard maintenant par rapport au mandant de l’article 63a, avec les pertes de la RIE III, donc l’affaiblissement des finances communales, personne peut croire que les villes attraperont le retard au contraire, nous perpétuerons la pénurie de créchés et des garderies dont les familles vaudois ont besoin.

Broulis et Maillard sous-estiment l’intelligence du peuple vaudois, la situation au niveau de l’accueil des enfants est calamiteuse, comme le montre  un communiqué de presse signé par le département des statistiques du canton de Vaud et par l’Institut des hautes études en administration publique, IDHEAP, ainsi que par la Fondation pour l’accueil de jour des enfants FAJE, daté à Lausanne le 29 août 2013. Ces entités ont publié les résultats d’une étude[2] sur les besoins en matière d’accueil de jour des enfants pour les familles vaudoises. Ainsi que, l’étude d’un accueil parascolaire et la mise en œuvre de l’école à journée continue (art. 63a Cst-VD) : état des lieux, pistes et perspectives[3], ces deux sources que nous avons étudiées en détail démontrent que cette promesse est une tromperie au peuple vaudois

Pour répondre à l’évolution de la demande de places d’accueil dans une longue perspective[4], par exemple pour Lausanne « il fallait prévoir la création de 425 places supplémentaires en APEMS entre 2009 et 2015 et 380 supplémentaires entre 2015 et 2020. Ce scénario prévoyait que la population lausannoise se monterait à 127’000 habitants en 2015 et à 135’000 en 2020 ». Mais l’auteur de cette étude a pris en compte seulement les enfants entre 4 et 10 ans, il faut aussi noter que le mouvement migratoire produit par les accords bilatéraux n’était pas pris en compte dans son étude, ce qui fait prévoir des chiffres plus élevés au niveau de la demande.

Dans le cas de Lausanne, selon B. Malik de Kerchove (2012 :89) la ville a comme objectif de maintenir la couverture de 50% car la très forte proportion de demandes en places d’accueil pour les enfants augmente et la pénurie de places est frappante

La même ville de Lausanne viole la loi, car la LAJE (Loi sur l’accueil de jour des enfants) établit dans les exigences techniques que   « l’espace intérieur disponible pour l’accueil des enfants est d’au moins 2 m2 par enfant, déduction faite des espaces de service (vestiaire, buanderie, sanitaires, lieux de passage, cave, etc…). De plus, des espaces de détente doivent être disponibles pour des activités ponctuelles » Maintenant dans certaines structures d’accueil, on peut trouver facilement 3-4 enfants par 2 m2, sans que cela fasse réagir les autorités concernées. Sans parler de la précarité à l’emploi des éducateurs-trices, des auxiliaires sous-payés et une baisse qualité pédagogique de l’accueil.

Conclusion
Donc la promesse de Broulis-Maillard ne correspond pas à la réalité sociale que nous vivons aujourd’hui en matière d’accueil. Il s’agit du populisme bon marché pour faire passer les cadeaux fiscaux aux multinationales car les PME ne seront pas bénéficiées .
Le peuple vaudois, ne peut pas se laisser tromper. Une politique publique bénéficiant les familles ne peut pas être soumises au chantage de l’approbation  de la RIE III.  Un refus de la RIE III s’impose car la dette concernant les structures d’accueil pour les enfants s’aggraverait si les communes ont moins de budget.

* Sociologue. Fourmi Rouge, Syndicat SUD.

ª Lire notre déclaration sur service public  http://www.sud-vd.ch/déclaration-sur-le-service-public/  et notre déclaration sur le RIE III  http://www.sud-vd.ch/rie-iii-nos-revendications-avant-leur-pognon/

[1] À relire le ton et le contenu de son intervention devant ses troupes dans l’assemble extraordinaire du PS réunis à Lausanne le 25 janvier.

[2] Accueil de jour des enfants dans le canton de Vaud, Bonoli G et Vuille S, IDHEAP, Lausanne 2013

[3] Étude réalisé par MALI de KERCHOVE, Barbara, direction de l’enfance, de la jeunesse et de la cohésion
sociale, DEJCS, Lausanne, 2012

[4] Évaluation des demandes de places d’accueil parascolaire des enfants lausannois à l’horizon 2020, ATTINGER
Claire, IDHEAP, Chavannes 2010

Johnson Bastidas